En effet, dans une correspondance du ministre des Transports et PCA de Camair Co, Jean Ernest Ngallé Bibehé, adressée le 16 octobre 2020 au directeur général de la compagnie arienne publique, l’on découvre que le ministère des Finances a de nouveau décaissé la somme de 1,050 milliard de FCFA en faveur de cette compagnie, pour s’assurer de la reprise des vols.
An croire la correspondance susmentionnée, cette enveloppe devait servir au « règlement d’une partie des arriérés des salaires du personnel (au moins quatre mois, NDLR), de la prime d’assurance des avions, du système de réservation et d’émission des billets SITA, des droits de douane des pièces de rechange de l’aéronef MA60, et de certaines charges inhérentes au redémarrage des activités de la compagnie ».
Cette nouvelle dotation financière porte à un peu plus de 16 milliards de FCFA l’enveloppe injectée par le Trésor public dans la compagnie aérienne Camair Co, sur la période allant du 14 juillet 2020 au 16 octobre 2020. L’on se souvient en effet que dans une correspondance adressée au Premier ministre le 14 juillet 2020, le secrétaire général de la présidence avait déjà révélé une dotation de 15 milliards de FCFA faite à Camair Co, dans la perspective de la restructuration de cette entreprise publique, avant sa privatisation annoncée.
Cette énième perfusion financière de l’unique actionnaire de Camair Co devait servir, détaillait alors Ferdinand Ngoh Ngoh dans sa correspondance, à « l’envoi en maintenance de l’un des Boeing 737-700 NG ; l’acquisition de deux aéronefs Dash Bombardier Q400, mieux adaptés aux lignes de courte distance ; et la location de deux moteurs susceptibles de permettre la remise en vol du deuxième Boeing 737-700 NG » de Camair-Co.
L’entreprise sortira-t-elle la tête de l’eau?
L’embellie enregistrée en 2018, tant au niveau du trafic (343 000 passagers, +46 % par rapport à 2017) que du chiffre d’affaires (26,6 milliards de F CFA 40,5 millions d’euros, +62 %) aurait pu laisser penser que la Camair-Co était sortie de la crise permanente dont son histoire, faite d’endettement chronique et de valse des dirigeants, est coutumière depuis sa création en 2011.
Mais le remplacement, le 27 mai lors du conseil d’administration, du directeur général, Ernest Dikoum, par Louis-Georges Njipendi Kouotou, jusque-là président du conseil d’administration (PCA), montre qu’elle n’en a pas tout à fait terminé avec ses vieux démons.
Depuis le 7 mai 2019, la compagnie n’assurait plus que cinq vols domestiques par jour et n’est plus en mesure d’offrir ses sept dessertes régionales (Abidjan, Dakar, Libreville, Ndjamena…), autour desquelles le désormais ex-DG, ancien directeur Afrique de l’Ouest d’Emirates, avait recentré le réseau aux dépens de l’intercontinental, fermant le vol vers Paris pourtant grand pourvoyeur de recettes. Car, comme en attestent ses trois mois d’arriérés de salaires réglés en mai, sa trésorerie était à sec.
De fait, seuls deux appareils (un MA60 d’origine chinoise et un Bombardier Q400) sur les six que comprend sa flotte sont aujourd’hui opérationnels. Ce qui a ramené le chiffre d’affaires mensuel de 2,4 milliards de F CFA à 200 millions en 2019. Ayant remisé pour l’instant toutes ses ambitions contenues dans le plan élaboré par Boeing Consulting en 2016, la compagnie doit sans délai réparer ou remplacer les moteurs de ses deux Boeing 737 arrivés en fin de cycle. Le coût est estimé à 8 millions d’euros.
Les problèmes de validation des bilans comptables des exercices 2014 à 2018 n’ont pas incité le consortium de banques mené par Ecobank, en dépit des accords passés, à financer le redécollage de la compagnie, ce malgré la présence d’une garantie souveraine. L’État, au fait de ces difficultés, a décidé de ne rien lâcher, surtout avec l’apparition de la Covid19 qui a frappé toutes les compagnies du monde.