Sur les 44 pays qui ont déjà ratifié l’Accord de libre-échange continental, sept pays ont décidé de lancer, ce jour, le commerce préférentiel au titre de la Zlecaf sur des produits pour lesquels les règles d’origine sont conclues (quasiment tous les produits à l’exception du sucre, du textile-habillement et de l’industrie automobile). Il s’agit du Cameroun, du Ghana, du Rwanda, du Kenya, de l’île Maurice, de l’Égypte et de la Tanzanie.
Des produits exotiques à destination d’Accra
La cargaison que le Cameroun va exporter vers le Ghana est constituée de safous séchés, d’ananas séchés et de thé au gingembre. Ces produits sont classés par le Cameroun dans la « catégorie B », dite des produits sensibles (produits localement). Cette catégorie se compose de 6,99% de lignes tarifaires, soit un total de 408 produits que le pays va libéraliser sur 13 ans avec un moratoire de 5 ans.
La « catégorie A », elle, renferme les produits (importés et non produits localement) qui subiront une libéralisation rapide. Elle est composée de 90,01% de lignes tarifaires, soit 5255 produits. Ce groupe de produits sera démantelé en utilisant une approche dite linéaire, sur une période de 10 ans, pour aboutir à un droit de douane nul.
Les produits exclus de la libéralisation forment la « catégorie C », avec 175 produits, soit une proportion de 2,99% de lignes. Dans ce dernier groupe, on retrouve des produits tels que la farine de froment, la farine de maïs, l’huile de palme brute, l’huile de palme raffinée, les sucres, les gommes à mâcher, les bonbons, les pâtes alimentaires, les jus de fruits, les ciments portland, les ciments de colle, les défrisants, les savons et gels de douche, les profilés d’aluminium, etc.
Selon le ministère camerounais du Commerce, au regard des contraintes liées au fonctionnement des unions douanières, dont l’une des particularités est que les membres ont en commun un tarif douanier extérieur commun, le Cameroun s’est associé aux 5 autres pays d’Afrique centrale (le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine et le Tchad) qui forment la Cemac pour élaborer de manière consensuelle cette offre tarifaire.
Entrée théoriquement en vigueur le 1er janvier 2021, la Zlecaf vise à booster les échanges commerciaux intra-africains. Il y a déjà eu 54 signatures (seule l’Érythrée n’a pas encore signé) par les États africains et 44 ratifications. Avec sa population de 1,2 milliard d’habitants, l’Afrique est en effet la deuxième plus grande zone économie au monde, derrière la Chine. Elle est par conséquent en droit de caresser le rêve de devenir, dans les prochaines années, à l’instar de la Chine, l’un des géants de l’économie mondiale. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) représente une véritable occasion de stimuler la croissance, de réduire la pauvreté et d’élargir l’inclusion économique dans les pays concernés.
Outre l’accord d’ancrage du libre-échange, les négociations sur les protocoles ont été un immense challenge. Les négociations de la phase I, qui portent sur les protocoles relatifs au commerce des biens et des services et au règlement des différends, ont été conclues en juin 2021.
Le calendrier pour la conclusion des négociations de la phase II sur les protocoles relatifs à l’investissement, aux droits de propriété intellectuelle, à la concurrence et au commerce électronique, avait été fixé à la fin de l’année 2021.