« 240 milliards de FCFA ont été versés par Camrail à l’État au titre de la redevance fixe et variable, des impôts et taxes. Le concessionnaire a aussi investi plus de 288 milliards de FCFA dans la maintenance des infrastructures et le matériel. Ce qui correspond à un investissement annuel moyen de 12 milliards de FCFA et une contribution moyenne annuelle de 10 milliards de FCFA au budget de l’État du Cameroun. Près de 200 milliards de FCFA ont été dépensés dans l’achat des fournitures et services auprès des fournisseurs et sous-traitants locaux camerounais », détaille, dans un document interne, la filiale d’Africa Global Logistics. Elle révèle au passage n’avoir effectué qu’une seule distribution de dividendes en 24 ans, préférant « réinvestir dans l’outil de production ».
Renouvellement des voies
Selon Camrail, plus de 330 kms de voies ont été renouvelés (Ka’a-Belabo entre 2002 et 2007, Batchenga-Ka’a et les entrées et sorties de Douala et de Yaoundé entre 2014 et 2020) et 224 kms de voies ainsi que 1800 ouvrages hydrauliques ont été rénovés (2,5 milliards de FCFA investis). « De plus, 68 ponts métalliques ont été rénovés de 2017 à 2021 (4,1 milliards de FCFA investis). Chaque année, Camrail a assuré la maintenance de l’ensemble de son réseau avec une injection annuelle d’environ 16 000 ml de rail et 53 000 traverses », apprend-on officiellement.
Changement de la donne ferroviaire
La visite à Camrail des parlementaires camerounais survient au lendemain de la promulgation d’une nouvelle loi régissant le secteur ferroviaire dans le pays. « La Commission souhaitait être édifiée sur les atouts et défis de Camrail, afin de s’assurer du partenariat toujours fructueux avec l’État du Cameroun dans le contexte de la nouvelle loi régissant le secteur ferroviaire », a justifié le député Guillaume Mbakam Chouga, président de la Commission de la production et des échanges à l’Assemblée nationale.
Une entité chargée du Patrimoine ferroviaire
Le fait majeur dans la nouvelle loi, dont vient de se doter le Cameroun, est la création d’une entreprise publique de patrimoine dédiée à la gestion et au développement des infrastructures ferroviaires dans le pays, activité jusqu’ici dévolue à Camrail. Ce texte prévoit également la mise en place d’une autorité de régulation du secteur ferroviaire. Selon les autorités camerounaises, le nouveau texte, qui vient remplacer celle de 1974, « amorce une dynamique de modernisation du secteur, à travers la reconfiguration du paysage institutionnel, la redéfinition du rôle de chaque acteur et la mise sur pied d’un système de contrôle, de régulation et de sanction ».
À en croire les autorités camerounaises, la réforme impulsée par la nouvelle loi découle des recommandations de l’audit réalisé après l’accident ferroviaire d’Eseka d’octobre 2016, qui avait fait près de 80 morts officiellement. En clair, à travers le nouveau cadre normatif, apprend-on, le gouvernement entend apporter des solutions aux manquements et faiblesses actuellement observés dans le secteur ferroviaire au Cameroun.
Il s’agit notamment, avait énuméré le gouvernement dans le projet de loi finalement validé par les députés, de « la dégradation continue des infrastructures, la régression drastique du nombre de passagers qui est passé de 1,4 million en 2010 à 600 000 en 2021, la baisse du volume des marchandises transportées, estimé à 1,6 million en 2021 contre 1,9 million en 2010, la fermeture des itinéraires Mbanga-Kumba et Ngoumou-Mbalmayo, le déficit des investissements et la dégradation de la qualité de service, la faiblesse des instruments de contrôle et de sanction de l’État dans ce secteur qui perd chaque jour en compétitivité ». Camrail, qui conteste ce tableau, a donc profité de la visite des députés pour présenter son évaluation de la mise en œuvre de sa concession avec l’État du Cameroun qui court jusqu’en 2034.