Publié le 15 août 2019, le rapport Moody’s confirme la résilience de l’économie camerounaise.
Pour la célèbre agence de notation financière américaine Moody’s, Rwanda, Cameroun et Côte d’Ivoire composent le trio de tête des pays les plus capables de réagir en cas de crise économique mondiale. Ces pays sont ceux qui peuvent maîtrisent le mieux leurs dépenses publiques obligatoires (salaires de la fonction publique, subventions, investissements…) en cas de choc extérieur. Selon David Rogovic, vice-président de Moody’s et co-auteur de l’étude, ces pays « montrent une capacité à réduire leurs dépenses, mais aussi une volonté gouvernementale d’appliquer cette politique ». Ceci est une nouvelle pour le Cameroun, car susceptible de rassurer les éventuels investisseurs étrangers sur la capacité du gouvernement camerounais à rembourser ses créances même en cas de coup dur.
Une économie résiliente adossée sur la diversification
Le président Paul Biya a toujours vanté la résilience de l’économie camerounaise. Mettant en avant sa capacité à surmonter rapidement les chocs et les perturbations auxquels elle est confrontée, tout en se maintenant sur la trajectoire d’une croissance économique positive et soutenue. L’économie camerounaise a subi de nombreux chocs dont trois sont suffisamment significatifs pour être relevés.
Primo, depuis 2013, alors que les projets structurants se mettaient progressivement en place, le Cameroun a dû faire face aux attaques aveugles de la secte criminelle Boko Haram dans l’Extrême Nord, parallèlement, il y a eu aussi les répercussions de la crise sociopolitique en République Centrafricaine avec l’afflux de migrants provenant de ce pays voisin.
Secundo, la baisse continue des prix des matières premières, notamment celui du pétrole, qui a atteint en janvier 2015 un plancher historique d’environ 16 dollars le baril. Or, L’économie camerounaise dépend de 40% des recettes pétrolières.
Tertio, la crise dans les deux régions anglophones qui dure depuis deux ans, dont la première évaluation faite par le GICAM en Septembre 2018, estime les pertes à 56 milliards, soit 20% des recettes d’exportations, et d’un peu plus de 6434 emplois directs déjà perdus.
Malgré ces chocs, l’économie camerounaise a enregistré, selon les données officielles disponibles, depuis 2011 un taux de croissance moyen environ de 4%, un taux d’inflation resté en moyenne en deçà de la norme communautaire de 3%, avec toutefois un accroissement rapide de l’endettement qui se situe à 32% du Produit Intérieur Brut (PIB) encore bien en déca de la limite communautaire de 70% du PIB. Contrairement aux critiques régulièrement faites sur la résilience quant à son incapacité à lutter contre la vulnérabilité sociale, on peut observer avec satisfaction qu’elle a été plus ou moins équitable. Ceci à travers une réorientation des allocations budgétaires et à l’amélioration de la qualité de la dépense qu’elle a imposée, et surtout des actions ponctuelles incluant la participation des camerounais dans le cadre de la collecte des fonds, pour faire face à de nouveaux défis qu’imposait l’actualité.