Il y a un an les présidents français Emmanuel Macron et ivoirien Alassane Ouattara annonçaient la fin du franc CFA dans les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Cette monnaie commune à quinze pays africains, dont les Comores, le CFA pour « colonies françaises d’Afrique » a été créée le 26 décembre 1945, soit une quinzaine d’années avant les Indépendances des pays d’Afrique occidentale française et d’Afrique équatoriale française. Ce qui explique que les pays où cette monnaie a cours se trouvent dans deux zones. Ils sont huit en Afrique de l’Ouest, six en Afrique centrale. Indépendamment des Comores, ils sont dans deux unions monétaires distinctes. Un an après la déclaration d’Abidjan, le vent d’élections présidentielles qui a soufflé en Afrique de l’Ouest n’a pas permis à cet ambitieux projet d’avancer significativement, comme l’on était en droit de s’y attendre. Côté français, par contre, des avancées ont été enregistrées.
Le 10 décembre 2020, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi autorisant l’approbation de l’accord de coopération entre la France et les pays de l’Uemoa, signé en décembre 2019. Ce nouvel accord, remplaçant celui du 4 décembre 1973, préserve les paramètres économiques clefs de stabilité monétaire et de résilience de la monnaie de l’Uemoa, à savoir la parité fixe de la monnaie commune avec l’euro et le soutien apporté par la garantie de la France. « La place de la France se transforme donc pour devenir celle d’un simple garant financier. Dans cette optique, de nouveaux mécanismes sont prévus pour lui permettre de disposer de l’information régulièrement transmises par la BCEAO ou de rencontres informelles avec les différentes autorités et institutions de l’Union », souligne le nouvel accord. Pendant ce temps quid de l’Afrique centrale ?
Depuis août 2020, la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) et la France auraient trouvé un accord pour le passage du CFA à l’éco. La prudence des leaders de la Cemac quant à l’annonce au grand public du plan de réforme de la coopération monétaire est compréhensible. Le processus dans la zone Uemoa est, aujourd’hui, tiraillé entre plusieurs paramètres. Il y a tout d’abord une pression des opinions publiques africaines pour que soit arrêtée sans autre forme de procès, cette coopération monétaire qui est comprise comme une « servitude monétaire ». Il y a ensuite la volonté affichée de la France de garder l’initiative sur la question monétaire dans ses ex-colonies d’Afrique subsaharienne. Pour cela, le processus à son niveau prend la forme d’un passage en force. La responsabilité du président Paul Biya sera importante sur le dossier. En plus de présider la Cemac, le Cameroun en est la première économie et détient les plus importantes réserves de changes sur le compte des opérations.