« Notre conviction de chefs d’entreprises est que les options sécuritaires et politiques ont trouvé leurs limites dans le processus de résolution du conflit armé dans le Régions Nord-Ouest et Sud-Ouest du Cameroun. Le moment est donc venu de leur adjoindre une troisième composante : placer résolument l’économie au cœur des efforts nationaux visant le retour de la paix dans ces deux Région » a-t-il souligné à nos confrères du Journal du Cameroun.
Pour le Patron des Patrons, il y va de la nécessité absolue de faire en sorte qu’enfin, dans notre quotidien du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les statistiques sur le nombre de victimes soient remplacées par les statistiques sur le nombre d’emplois créés et l’urgence de pouvoir tronquer les armes contre des emplois.
« En me demandant de signifier leur soutien aux initiatives gouvernementales, les chefs d’entreprises ne cachent pas leur perplexité et leur scepticisme »
Le GICAM inquiet vis-à-vis de la démarche de l’État au sujet de la reconstruction
Perplexité parce que, ailleurs dans le monde, dans le contexte de la pandémie du Covid-19, ce n’est pas l’Etat qui a besoin d’un soutien du secteur privé, c’est le Gouvernement qui apporte des aides en soutien aux entreprises. Scepticisme par rapport à l’utilisation des contributions qu’ils souhaitent faire, tant, par le passé les appels de fonds n’ont pas toujours bénéficié de la nécessaire transparence dans leur gestion. Au surplus, et actualité oblige, les chefs d’entreprises sont dans la crainte de voir leurs contributions faire l’objet d’un usage inapproprié.
Toutefois, mus par une volonté viscérale de servir la paix qui reste une pré-condition au développement des activités économiques, ils réitèrent leur engagement à aider et, pour ce faire, des garanties et des mesures complémentaires sont nécessaires pour servir cette cause véritablement nationale. Il s’agit notamment de : La poursuite d’un dialogue national jusqu’à l’arrêt des hostilités, La sécurisation physique des investissements, La transparence dans la gestion des fonds issus de la contribution des entreprises, La mise à disposition de garanties de l’Etat au profit du secteur financier disposé à lever des prêts syndiqués à taux bonifiés au profit des entreprises dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, La révision de votre Décret de septembre 2019 portant reconnaissance du statut de zone économiquement sinistrée aux Régions de l’Extrême-Nord, du Nord et du Sud-Ouest, avec pour objectifs complémentaires de faciliter la mobilisation des contributions, et d’écarter tout risque de litige fiscal dans les opérations de soutien. A cet égard, des propositions concrètes pourront être formulées par le Patronat.
Pour le Patronat, il faut des garanties
« Avec la mise en place de ces dispositifs, et en dépit de leurs craintes, un bon nombre d’entreprises ont déjà manifesté leur intérêt à prendre leur part dans cet élan citoyen, et je pense que d’autres feront de même. Nous nous fixons un horizon de trois à quatre mois pour permettre aux entreprises de concrétiser leurs engagements.
Le Premier Ministre Dion Ngute symbolise aujourd’hui cette marque de confiance et de sollicitude que les chefs d’entreprise espèrent trouver auprès de notre partenaire privilégié qu’est le Gouvernement. Cette confiance, cette sollicitude, sont des ingrédients essentiels pour l’exercice serein de nos activités. Je lui réitère notre engagement à le soutenir et travailler la main dans la main avec lui tant qu’il restera aux côtés du secteur privé et prendra des mesures pour renforcer la compétitivité des entreprises et du pays » a-t-il ajouté.
Les efforts de l’État en matière de reconstruction
Ce projet de reconstruction des régions anglophones initié à la suite du Grand Dialogue National, est donc articulé en trois phases : la phase conjoncturelle de deux ans consacrée aux réparations à l’échelle des individus, la phase à court terme de cinq ans et la phase à long terme de dix ans consacrée aux projets structurants.
Le Cameroun et le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) avaient convenu de débloquer une enveloppe initiale de 14 millions de dollars pour reconstruire les régions anglophones du Sud-ouest et du Nord-ouest en mai 2020.
A cet effet, l’accord signé à Yaoundé, par le ministre camerounais de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey et le Représentant du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), Jean Luc Stalon avait pour but de passer des paroles aux actes. Cette somme initiale devrait servir au démarrage des travaux de reconstruction des deux régions anglophones du Cameroun, dont le coût global est estimé à 150 millions de dollars. « Cette enveloppe représente seulement 10% des financements nécessaires pour la reconstruction de ces deux régions », avait indiqué le ministre
Pendant les dix prochaines années, le gouvernement projette notamment la réhabilitation de 350 écoles, de 115 centres de santé, de 40 ponts, de 400 points d’eau, de 500 kilomètres de lignes électriques basse tension, de 600 kilomètres de routes rurales, de 45 marchés et de 12 000 maisons. Sans compter environ 25 000 hectares de plantations. Pour financer ces projets, le gouvernement camerounais a pris attache avec plusieurs de ses partenaires en marge du secteur privé.