Le Cameroun importe 165 vaches de la France, pour multiplier sa production locale de lait. Ces animaux ont atterri à Garoua, dans la région du Nord, le 3 octobre 2020. Le gouvernement camerounais les a achetés, grâce au Projet de Développement de l’Elevage (PRODEL), financés par la Banque mondiale.
En effet, le pays accuse un grand déficit en production de lait de l’ordre de 120 000 tonnes par an, malgré la production locale qui a augmenté de 7% depuis 2014, pour s’établir à près de 275 000 tonnes en 2019. Ainsi, le Dr Abouame, coordonnateur du PRODEL, confie que: «le gouvernement emmène les animaux de très haute performance pour résoudre ce déficit».
Selon nos confrères de Cameroun Tribune, «le Septentrion, qui possède un savoir-faire presque imbattable en matière d’élevage, a déroulé le tapis rouge aux 165 génisses gestantes de race montbéliarde, dont la production est estimée, selon les spécialistes à 40 litres de lait par jour», lit-on.
Ces animaux ont été convoyés à «la station de Lougguerre par Guider, dans le département du Mayo-Louti, où trois étables d’une capacité de 60 animaux les attendent. C’est là-bas qu’elles passeront leur quarantaine», déclare le Dr Bessong Ojong, conseiller technique n°2 au ministère des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA), dans les colonnes du journal.
Un protocole strict a été défini pour leur accueil, leur acclimatation de deux à trois mois et leur adaptation dans le nouvel écosystème. Le MINEPIA, le Dr Taïga, a aussi demandé aux opérateurs du secteur, d’emboîter le pas au gouvernement en faisant importer à leur tour des vaches laitières.
D’après Guy Charbonnier, l’un des spécialistes ayant convoyé les animaux depuis la France, «l’arrivée des animaux a coïncidé avec la pluie à Garoua. Cela a évité le stress thermique aux bêtes qui auront besoin de beaucoup d’eau. Maintenant, il faut être regardant sur l’alimentation, le couchage, la surveillance», lit-on.
Entre 2011-2019, le Cameroun poursuivait ses objectifs
Grâce à différentes mesures gouvernementales permettant le développement de la filière lait, la production nationale a progressé de 7% sur 5 ans (2014-2019), indique-t-on au ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia). Mais, en dépit de cette évolution de la production à la hausse, laquelle a culminé à 275 000 tonnes au cours de l’année 2019, le Cameroun continue d’enregistrer un déficit moyen de production d’environ 120 000 tonnes de lait chaque année, selon les officiels. Ce déséquilibre entre la demande et la production du lait au Cameroun oriente le pays vers les importations, qui coûtent environ 20 milliards de FCFA par an. Afin de réduire cette enveloppe, le Cameroun vient d’importer 165 génisses de France, pour doper la production locale de lait.
Cette acquisition de génisses laitières à haute performance s’est faite dans le cadre du Projet de développement de l’Élevage (Prodel), financé par la Banque mondiale.
Pour ce qui est de la période de 5 ans allant de 2011 à 2016, la production de lait sur le territoire camerounais a connu une augmentation de près de 70 000 tonnes, passant de 109 000 à 172 000 tonnes, avait révélé dans une interview au journal Défis actuels, Dr Taïga, le ministre camerounais de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia).
En dépit de cette augmentation qui est consécutive à la mise en place de programmes gouvernementaux visant la promotion de l’élevage et la production du lait, cette statistique révèle un déficit de production d’un peu plus de 120 000 tonnes, puisque selon des sources internes au Minepia, la demande nationale des ménages et des industries de transformation du lait est estimée à environ 297 000 tonnes par an.
Pour combler ce déficit que les experts mettent sur le compte du faible rendement des espèces de vaches utilisées par les producteurs, le manque de structures de production modernes, l’enclavement des principaux bassins de production…, les opérateurs économiques camerounais ont dépensé 31 milliards de francs CFA en 2015 pour importer du lait, selon les officiels. Afin d’échapper aux coûts élevés des importations qui explosent les coûts de production, certains industriels locaux explorent de nouvelles solutions. A Camlait, par exemple, 3 milliards de francs CFA ont été investis dans le montage d’une unité de production de yaourt à base du soja. Selon Paulin Toukam Zuko, le PDG de Camlait, les coûts de production du yaourt à base de soja sont de 50% inférieurs à celui fait à base de lait. Aussi, cette unité agro-alimentaire camerounaise mise-t-elle désormais sur ces produits à base du soja produit localement, pour réaliser 65% de son chiffre d’affaires sur le moyen terme.