« Le timing est parfait et le contexte favorable », commente un analyste financier à propos de la décision du président Paul Biya de retourner sur le marché international des capitaux. Le 26 mai, le président de la République a pris une ordonnance autorisant entre autres l’émission d’un eurobond de 450 milliards de F CFA (686 millions d’euros) pour racheter partiellement ou totalement celui de 2015. En rappel, un eurobond ou euro-obligation est un emprunt émis en commun par les pays de la zone euro sur les marchés. L’option du chef de l’Etat est une solution optimale d’autant qu’une alternative fut un temps explorée au ministère des Finances, et discutée avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) : la « domestication » consistant à émettre un ou plusieurs emprunts en F CFA pour rembourser l’eurobond.
Désormais, « le gouvernement est autorisé à négocier et éventuellement à conclure au cours de l’exercice 2021, à des conditions sauvegardant les intérêts financiers de l’État ainsi que sa souveraineté économique et politique, des emprunts concessionnels et non concessionnels de montants globaux respectivement de 350 milliards de FCFA et de 750 milliards de FCFA », dispose l’article 49 nouveau de la loi de Finances. C’est une grande marge de manœuvre en ce qui concerne les emprunts non concessionnels. Car, dans l’ancienne disposition, ces emprunts non concessionnels étaient plafonnés à 300 milliards de F. Désormais, le plafond est fixé à 750 milliards de F, soit une hausse de 450 milliards de F. L’Etat devrait rembourser son eurobond de 2015 à partir de 2023 à raison de 150 milliards de F par an, en plus des intérêts qu’il paye depuis plusieurs années déjà.
Le refinancement de précédents emprunts est une pratique devenue normale sur le marché international des capitaux. Selon les données de l’Institute of International Finance, d’ici 2030, les besoins de liquidité des pays d’Afrique subsaharienne pour rembourser leurs dettes en devise se chiffrent en centaine de milliards de dollars, et il faudra les trouver. Dans sa dernière notation sur le Cameroun, Moody’s l’agence américaine de notation a amélioré ses perspectives de « négatives » à « stables ».