La Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC) a publié ce jeudi, le « Rapport sur l’Etat de la lutte contre la Corruption au Cameroun en 2019 ». La cérémonie solennelle de présentation de ce document a eu lieu au Palais des Congrès de Yaoundé. Elle était présidée par le président Rév. Dr. Dieudonné Massi Gams.
Ce rapport «est le fruit d’une série d’enquêtes menées par l’institution dans plusieurs secteurs de la vie publique. La CONAC bénéficie dans cette évaluation de la collaboration de la société civile, mais aussi des dénonciations de citoyens», rapporte nos confrères de Cameroon Tribune ce 17 décembre 2020.
D’après ce rapport, on constate que la CONAC enregistre une baisse de dénonciations de la part de la population camerounaise. En 2018, elle a enregistré 23 048 dénonciations, soit 18 550 par appel via leur numéro vert (1517), et 4 498 par courrier. Et en 2019, elles sont de 22 422 (18 550 par appels et 3872 par courrier).
Le quotidien d’Etat précise que: «Pour ce qui est de l’impact de ces rapports, l’on indique à la CONAC qu’un important gain financier a été enregistré ces dix dernières années. En effet, entre 2011 et 2017, les gains financiers cumulés grâce aux investigations de la CONAC sont de 1652,5 milliards de FCFA. Ceci grâce à la collaboration avec le Tribunal criminel spécial et la Cour suprême».
Par ailleurs, «grâce aux alertes lancées par la CONAC, les caisses de l’Etat ont été à l’abri d’un siphonage de 34,5milliards de FCFA. C’était dans le domaine des indemnisations des terres dans le cadre de la construction du complexe industrialo-portuaire de Kribi, et l’avenant relatif à la construction de la route Ayos-Bonis. La CONAC a continué dans la même lancée, entre 2013 et 2017, en intensifiant les dénonciations. Ce qui a permis de recouvrer et/ou d’éviter la distraction de plusieurs centaines de milliards de FCFA», lit-on.
Le Cameroun tente d’inverser la tendance depuis des années
Au Cameroun, le haut niveau de la corruption reste une équation dont le Gouvernement lutte et essaie de se débarrasser par l’usage de nombreux moyens dont la participation des populations. A travers les pressions internationales et de nombreux plans de lutte contre la corruption, le phénomène se situe dans une baisse modérée et demande encore d’énormes efforts. Le Chef de l’Etat afin de passer à la vitesse supérieure a mis en place une batterie d’institutions publiques pour intensifier la lutte, telles que la Commission nationale anti-corruption (CONAC), ou encore l’Agence nationale d’investigation (ANIF) et le Tribunal criminel spécial (TCS).
Entre 2010 et 2015, le pays a perdu 1246 milliards de FCFA aux douanes
Dans son rapport 2016 sur l’état de la corruption au Cameroun, présenté le 22 décembre 2017 à Yaoundé, la capitale du pays, la Commission nationale anti-corruption (Conac) révèle l’ampleur du phénomène au sein de l’administration douanière.
En effet, du fait des pratiques de corruption et de fraude, qui est légion dans ce secteur, souligne le rapport, le Trésor public a perdu la bagatelle de 1 246 milliards de francs CFA, au cours de la période 2010-2015. A titre de comparaison, cette somme représente environ 75% du budget d’investissement public (BIP) de l’Etat camerounais, pour le compte de l’année 2016 (1 500 milliards de francs CFA). Une bonne partie de ces fonds est la conséquence du manque de concordance entre certains chiffres déclarés par la douane et ceux effectivement reversés dans les services du Trésor. Le rapport de la Conac mettait également en exergue le train de vie princier des douaniers camerounais, qui possèdent un «luxueux» quartier dans une banlieue de Douala, la capitale économique du pays. A en croire la Conac, 21 agents de la douane avaient été auditionnés au cours de l’enquête, ont confessé être propriétaires de plusieurs immeubles bâtis aussi bien à Douala qu’ailleurs, ainsi que de nombreux comptes bancaires à solde créditeur, dont les montants s’élèvent à plus de 134 millions de francs CFA.
«Le plus illustre» d’entre ces fonctionnaires très riches, étant cet adjudant des douanes en service à Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord. Sans révéler son nom, le rapport de la CONAC révélait que l’intéressé « est propriétaire de 13 villas en dur, bâties sur terrains titrés ; d’un immeuble de 5 niveaux également construit sur terrain titré ; ainsi que de 10 terrains immatriculés». A ce vaste domaine immobilier, poursuivait le rapport, «s’ajoute dans son registre de propriétés, 5 camions de 30 tonnes de charge utile ; 5 cars Toyota Coaster de 28 places ; 2 cars de 18 places ; et un parc automobile plein de véhicules personnels haut de gamme».