Après le comptage physique des personnels de l’État et ses corollaires, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze entend redonner ses lettres de noblesse au Centre national de développement de l’informatique.
Après 25 ans d’hibernation, le Centre national de développement de l’informatique (Cenadi) reprend vie. Une importante étape de cette renaissance a eu lieu le 21 février dernier. La réunion de son conseil de direction était également l’occasion de mettre la nouvelle locomotive sur les rails, à travers l’installation des responsables récemment promus. Le ministre des Finances (Minfi), par ailleurs président du conseil de direction du Cenadi, Louis Paul Motaze a saisi l’occasion de cette cérémonie pour enjoindre les nouveaux promus d’œuvrer pour « mettre fin aux manipulations et autres fraudes diverses qui ont souvent cours au Cenadi. Il s’agit notamment des faux salaires, faux avancements et fausses pensions qui alourdissent malheureusement le budget de l’État ».
Le Cenadi reprend la main
« La décision a été prise de relancer les activités du Cenadi. Il s’agissait entre autres de revoir les infrastructures techniques, de faire repartir le Centre. Il s’agissait aussi de procéder à la nomination du personnel. Les dernières ont été faites il y a 25 ans. Donc les postes étaient vacants. Si on veut que le Cenadi reprenne vraiment ses activités, il faut que tout soit mis en place pour cette relance », a reconnu le Minfi au terme de la réunion de l’organe délibérant. Cette résolution de relance avait été prise en mai 2019 à l’issue de la première session du conseil de direction. Neuf mois après, Louis Paul Motaze est venu évaluer les avancées de ces recommandations pour la revitalisation du Centre en charge du Système informatique de gestion des personnels de l’État (Sigipes) au Cameroun.
Les installations techniques ont également reçu une cure de jouvence. La page de la période de stress marquée de régulières pannes sur le serveur Z10 a été tournée. Le Centre a acquis un nouveau serveur de type Z14. « Les premiers résultats sont plus qu’encourageants, dans la mesure où l’on part d’un délai de 78 heures pour le calcul de la solde mensuelle des agents de l’Etat pour moins de 24 heures à ce jour. De plus, la connectivité des administrations en simultané sur le serveur se fait désormais sans lenteurs ou autres désagréments », affirme le secrétaire général du Minfi, Gilbert Didier Edoa. Cette acquisition place le Cameroun au 2e rang des pays de l’Afrique subsaharienne en matière de calcul informatique, en apportant une panoplie de perspectives dans le domaine du numérique. Dans sa modernisation, l’institut spécialisé dans le traitement des salaires des agents de l’État prendra en cours l’important programme d’assainissement du fichier solde.
Facettes de l’assainissement du fichier solde de l’État
Le Cenadi a longtemps porté l’étiquette de laboratoire de nombreuses pratiques frauduleuses, à l’origine de la perte de plusieurs milliards de F CFA au Trésor public camerounais au fil des années. Depuis sa nomination, le 2 mars 2018, Louis Paul Motaze a mis en place un chapelet de mesures visant l’assainissement du fichier solde. Incontestablement, les plus retentissantes sont le comptage physique du personnel de l’État (Coppe), la dématérialisation des bons de caisse et le système de payement individualisé.
Lancée en avril 2018, le Coppe a permis d’extirper plus de 10 000 agents publics fictifs du fichier solde de l’État, pour une économie budgétaire annuelle d’environ 30 milliards de FCFA, selon le ministère des Finances. Plus de 7800 ex-agents de l’État, récemment invités à apporter des justificatifs, sont soupçonnés de percevoir indûment des pensions de réversion et d’invalidité.
146 000 fonctionnaires et agents de l’État dont les salaires étaient touchés par voie de bon de caisse, perçoivent leur salaire au guichet depuis la période solde du mois d’octobre 2019. Ceux des agents publics dont la rémunération est supérieure à 100 000 F, soient 20% des personnes ciblées, procèdent depuis la même période à l’ouverture des comptes bancaires. Le retrait des bons de caisse du circuit de payement présente un quadruple avantage. La réduction du volume de liquidité en circulation dans les trésoreries. La mise en place d’une meilleure visibilité de toutes les opérations comptables. Le désengorgement des perceptions et trésoreries et l’amélioration du taux de bancarisation de l’économie. Une économie annuelle de 320 millions représentant les charges liées à l’acquisition du papier sécurisé, auprès d’une entreprise étrangère, nécessaire à l’établissement des bons de caisse.