Dans le cadre de la JMA 2019, la journée dédiée à la sécurité alimentaire y sera couplée. Yaoundé souhaite une célébration avec résultats et projections positives le 16 Octobre 2019.
Chaque année le 16 octobre, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture célèbre la Journée mondiale de l’alimentation, qui commémore la date de sa création, en 1945. Dans un contexte où plus de 3 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent chaque année dans le monde de causes de malnutrition, et où 159 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance, l’enjeu est essentiel. Les Ministres des enseignements secondaires Nalova Lyonga, de l’Agriculture et developpement rural Gabriel Mbairobe, des pêches, industries animales Dr TAIGA entre autres, étaient face aux médias le 10 Octobre 2019 afin de se pencher sur ses questions, en présence des partenaires internationaux.
Il faut savoir que La FAO a décidé la mise en place d’une décennie pour lutter contre la malnutrition et, dans ce cadre, défini ses axes d’action, qui vise à intégrer la nutrition dans les programmes scolaires, contribuer à la prise en compte de la nutrition dans les politiques des pays particulièrement affectés par la malnutrition, contribuer à accroitre la mobilisation internationale et européenne en faveur de la nutrition, contribuer à la recherche scientifique sur la nutrition notamment, en partenariat avec le Programme Alimentaire Mondial.
Dans son Country brief en fin mai 2018, le Programme alimentaire mondial (PAM) recensait 3,9 millions de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire sur le territoire camerounais. Parmi ces personnes, souligne l’organisme onusien, «211 000 personnes sont en insécurité alimentaire grave». Les personnes ainsi recensées par le PAM sont majoritairement installées dans les trois régions septentrionales du pays (Nord, Extrême-Nord et Adamaoua), et dans la région forestière et minière de l’Est du Cameroun. Selon le PAM, l’on y retrouve environ 2,5 millions de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire, ce qui équivaut à 36,7% de la population globale des régions concernées. Dans ces régions dans lesquelles le taux de malnutrition est important, apprend-on, la seule région de l’Extrême-Nord représente 75% des enfants en retard de croissance dans les quatre régions étudiées.
Que se passe-t-il en Afrique ?
Au Burkina Faso par exemple, plus de 2 millions de personnes sont menacées par la famine, comme le révélait en mai 2019 le ministre de l’Agriculture malgré les 81 milliards de francs CFA (environ 144 millions de dollars) pour faire face à la famine. Dans son rapport 2017 sur l’insécurité alimentaire en Afrique, la FAO révélait en février dernier que près de 224 millions de personnes souffrent de faim à travers le continent. Soit 22,7 % de la population totale du continent. Ce chiffre représente aussi 25 % des 821 millions de personnes souffrant de faim dans toute la planète. Si l’organisation évoque des facteurs naturels comme la sècheresse, les chenilles légionnaires et des invasions d’oiseaux granivores (qui se nourrissent de grains), les facteurs humains ne sauraient être ignorés. Le cas des conflits qui consument des pays comme le Soudan du Sud et la RDC.
Lors de la conférence des donateurs en mai 2018, l’ONU tirait sur la sonnette d’alarme en parlant de 2 millions d’enfants menacés de malnutrition en RDC (Kasaï et provinces de l’est) du fait des conflits armés ayant provoqué les déplacements de près de 4 millions de personnes.
Mais, il y a bien pire. En février, l’ONU et le gouvernement sud-soudanais parlaient de 6 millions de personnes menacées par la famine au Soudan du Sud théâtre d’une guerre civile depuis 2013, deux ans après l’indépendance.
Le facteur humain, c’est aussi et surtout la gouvernance. Et c’est là tout le problème de l’Afrique. Un continent où selon des observateurs, la plupart des gouvernements relèguent au second plan l’agriculture au profit des secteurs comme la défense et la sécurité des dirigeants, alors que certains pays ne sont même pas en guerre ni contre un quelconque État voisin, ni contre quelque rébellion.
Les efforts du Gouvernement camerounais
Le Rapport de la Revue Stratégique de la Sécurité alimentaire et de la Nutrition au Cameroun avait été officiellement présenté à Yaoundé le 15 mars 2017, par l’ex- Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural Henri Eyebe Ayissi. Lancé sous le thème «Faim Zéro à l’horizon 2030», ce rapport a permis d’identifier les principaux défis à surmonter pour atteindre l’objectif «zéro faim» au Cameroun d’ici 2030. Cet exercice, mené pendant la période d’avril à août 2016, présentait la situation de la sécurité alimentaire et de la Nutrition au Cameroun, les programmes et projets en cours, leurs insuffisances et a formulé des recommandations sur les actions prioritaires à mettre en œuvre en vue d’atteindre l’objectif « Faim Zéro » d’ici 2030.
L’étude révélait par ailleurs qu’environ 15,4% de la population camerounaise souffrait de la faim et environ 31,7% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition à cette période. Elle révèle également que les crimes transfrontaliers perpétrés par Boko Haram et la crise de la RCA ont eu un impact direct sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations avec l’afflux des réfugiés et des déplacés internes dans les régions du Grand Nord et de l’Est du Cameroun. Ces déplacements de populations ont contribué à rendre plus critique l’insécurité alimentaire dans le pays, avec des effectifs des réfugiés se situant à quelques 65000 Nigérians dans la Région de l’Extrême Nord du Cameroun, 260 000 Centrafricains dans la Région de l’Est et 19.000 dans la Région de l’Adamaoua.
De plus, le gouvernement du Cameroun, a réalisé d’énormes progrès dans la lutte contre la faim avec une baisse du nombre de personnes en insécurité alimentaire. La proportion de ces personnes au sein de la population est passée de 38,8% en l’an 2000 à 15,4% en 2014, dépassant ainsi l’objectif fixé dans le cadre des OMD (Objectifs du Millénaire pour le développement). Malgré ces réalisations, 9,6% de la population est toujours confrontée à des défis en matière de sécurité alimentaire. Dans l’ensemble, la disponibilité de la nourriture au Cameroun est suffisante mais il subsiste des disparités régionales. Les conclusions de l’évaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence (EFSA 2015) révèlent que la Région de l’Extrême-Nord est particulièrement touchée par l’insécurité alimentaire avec 35,5%, suivi de la Région d’Adamaoua avec 18,7% et la Région du Nord avec 10%. Le problème de l’insécurité alimentaire est plus alarmant dans ces régions en raison de leur vulnérabilité structurelle à laquelle s’ajoute l’afflux massif de réfugiés du Nigeria et les déplacés internes fuyant le terrorisme perpétré par Boko Haram.