Depuis que l’unique raffinerie du pays (Sonara), située à Limbé dans le Sud-Ouest, a été ravagée par un incendie le 31 mai 2019, le gouvernement camerounais veut créer un duopole en la matière, dans le secteur des hydrocarbures.
Dans cette veine, nous apprend Investir au Cameroun, le gouvernement camerounais a inscrit dans son document de Stratégie nationale de développement 2020-2030, un projet « viable d’une nouvelle et grande raffinerie à vocation régionale à Kribi ». L’ambition ici est de desservir au moins la sous-région Cemac (Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad).
La capacité de production de cette future infrastructure est évaluée à 5 millions de tonnes/an. Le mode de financement choisi est un « partenariat avec le secteur privé ».
L’idée de construire une raffinerie à Kribi tient du fait que cette partie du sud du Cameroun abrite déjà une plateforme gazière et le méthanier Hilli Episeyo, reconverti en unité flottante de liquéfaction du gaz naturel. Dotée d’une capacité de production de 1,2 million de tonnes de gaz naturel liquéfié par an, cette unité flottante vise à anticiper sur la production du gaz naturel liquéfié au Cameroun, en attendant la construction d’une usine de pied, non loin du port en eau profonde de Kribi. Investissement d’environ 700 milliards FCFA consenti par Golar LNG, ce navire-usine produit également environ 30 000 tonnes de gaz domestique, chaque année, ainsi que 5000 barils de condensat par jour.
536 milliards de pieds cubes de gaz brulés entre 2006 et 2018
Le brûlage à la torche des gaz sur les sites de production pétrolière est une pratique industrielle qui remonte à plus de 160 ans. Selon la Banque mondiale, elle constitue un gaspillage de précieuses ressources et contribue au changement climatique en générant des millions de tonnes d’émissions en équivalent CO2 chaque année. Et si elle s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui, explique la Banque, c’est en raison d’un certain nombre de contraintes techniques, réglementaires ou économiques.
La SNH prévoit même une hausse future des quantités brûlées à l’analyse des besoins en gaz naturel dans le pays. Les marchés cibles identifiés restent notamment la fourniture de gaz pour la production de l’électricité, la fourniture de gaz aux industries et au secteur minier, l’utilisation de gaz naturel comme carburant pour véhicules, l’exportation de gaz naturel sous forme liquéfiée, ainsi que la production de GPL (gaz domestique) et de condensats destinés au marché local.
Pour réaliser les nouveaux projets, indique la SNH, les gaz associés actuellement brûlés sur les plateformes pétrolières du pays seront ajoutés aux ressources de gaz naturel découvertes et récupérables dans le sous-sol camerounais, estimées à environ 6,1 TCF (172 milliards de mètres cubes).
Ces prévisions de la Société nationale des hydrocarbures tiennent notamment en compte, les résultats des études antérieures réalisées le Gas Master Plan élaboré par Shell en 2003, l’étude de marché sur les débouchés du gaz naturel réalisée par Gas Strategies en 2008 et l’étude de faisabilité de l’utilisation du gaz naturel conduite en 2018 par Gaffney Cline & Associates.