La Commission des Forêts d’Afrique Centrale (Comifac) dont le siège est à Yaoundé, est confrontée depuis plusieurs mois à d’énormes tensions de trésorerie, mentionne plusieurs médias locaux dont ECOMATIN. Les caisses de cette organisation sous-régionale chargée de la préservation des forêts d’Afrique centrale sont vides, a révélé le Centrafricain Hervé Martial Maidou, secrétaire exécutif de la Comifac, mardi dernier sur les ondes de la radio allemande Deutsche Welle. En raison de cette situation, elle est en cessation de paiements, et cumule une dette qui s’élève à plus de 300 millions de FCFA. « Cette organisation va très mal aujourd’hui, du point de vue financier. Nous sommes en train de faire un plaidoyer auprès des Etats afin qu’ils respectent leurs engagements. C’est un cri d’alerte que nous lançons à l’intention des Etats du fait que cette organisation est en cessation de paiements depuis novembre 2020 », a-t-il déclaré.
L’insolvabilité des Etats membres pointée du doigt
Le personnel administratif de l’organisation totalise à ce jour près de dix mois d’arriérés de salaire, tandis que la nouvelle équipe dirigeante, en poste depuis seulement le mois d’avril dernier, en est à cinq mois. Que se cache t’il derrière ces hostilités ?
La structure éprouve clairement des difficultés de fonctionnement, et ne peut pas assurer ses besoins elle-même, ne disposant pas de sources de financement en dehors des cotisations des Etats membres. C’est en réalité l’insolvabilité de ces derniers qui a plongé l’organisation dans cet inconfort financier. « Il faut nécessairement que les Etats puissent payer leurs contributions. Il n’y a que le Cameroun qui est en règle, qui est à jour de ses contributions égalitaires », renseigne le secrétaire exécutif de la Comifac.
Il va sans dire que les neufs autres Etats membres ne sont pas à jour de leurs cotisations. « Cela nous inquiète énormément parce que c’est une organisation inter-gouvernementale qui a été décidé et crée par les dix Etats d’Afrique Centrale, pour décider de l’harmonisation, du suivi des politiques forestières et environnementales », renchérit Hervé Martial Maidou. Elle regroupe dix pays membres que sont : le Burundi, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Équatoriale, la République Centrafricaine, la République Démocratique du Congo, le Rwanda, le Tchad, puis Sao Tomé et Principe.
Participation incertaine à la COP26
La détérioration du climat social au sein de l’organisation, conséquence inéluctable de ces tensions de trésorerie, pourrait avoir de graves conséquences sur son fonctionnement. En commençant par la fermeture de ses portes si son personnel, las d’attendre indéfiniment d’être soldé, venait à se mettre en grève.
Aussi, cette situation pourrait compromettre la participation de la Comifac à la 26e conférence des Nations unies sur le climat (COP26), prévue du 31 octobre au 12 novembre prochains à Glasgow en Ecosse. Quand bien même elle y participera, ça ne sera pas sous ses financements propres, mais plutôt grâce au coup de pouce des partenaires, avec lesquels elle va en négociations.
« La Comifac devait renforcer les pays pour avoir des positions communes, pour avoir des experts qui vont dans des négociations. Aujourd’hui, ce sont des partenaires qui financent la participation de quelques personnes, et quelques experts de l’organisation, alors que c’est un devoir régalien des Etats. Voyez-vous, nous allons en négociations avec des partenaires, et c’est des partenaires qui nous financent. Vous voyez l’enjeu, il y a véritablement un problème à ce niveau », regrette le secrétaire exécutif de l’organisation. Et pourtant, pour son rôle dans la régulation du climat mondial, la Comifac espère obtenir de la communauté internationale à cette conférence, qu’au moins 30% du fonds climat mondial lui soit reversé. C’était d’ailleurs le sens du plaidoyer porté par le président en exercice de la Comifac, Jules Doret Ndongo, ministre camerounais des Forêts et de la Faune du Cameroun, le 6 octobre dernier à Paris à l’occasion la conférence sur l’initiative de Paris sur la préservation des forêts d’Afrique centrale.