Dans son édition en kiosque le 14 octobre 2020, le journal Le Courrier renseigne que le directeur général de l’Hôtel Mont-Fébé de Yaoundé est dans de sales draps.
«Un collectif d’employés de l’hôtel Mont-Fébé de Yaoundé a servi, le 9 octobre 2020 au président du conseil d’administration (PCA), Moïse Mouiché ainsi qu’aux autres administrateurs, un véritable réquisitoire contre la gestion du directeur général de l’établissement, Nicolas Tchobang. Sur près de quatre pages, l’homme est présenté comme un prédateur de recettes, usant et abusant du patrimoine, des fonds du navire amiral de la Société des Grands Hôtels du Cameroun (SGHC) appartenant au portefeuille de la Société Nationale d’Investissement (SNI», précise le journal.
Ce document, lit-on, «étale un management moyenâgeux, pratiqué par un homme à l’éthique morale discutable et dont la seule ambition, depuis 2017, consiste à abuser au maximum des biens sociaux au détriment de l’entité dont il a la charge. Déjà, notent les dénonciateurs, le conseil d’administration l’a reconnu coupable de malversations sur son propre salaire à hauteur de 113.094.876 FCFA toute chose qu’il a reconnu face aux administrateurs».
Parmi les griefs retenus à son encontre, le nettoyage de son linge au pressing aux frais du Mont-Fébé à hauteur de 200.000 FCFA mensuels ou le paiement depuis 2015, toujours aux frais de l’hôtel, de trois agents de sécurité soit 512.000 FCFA.
«Puisant abondamment dans la soute à carburant destinée aux navettes de l’hôtel Mont-Fébé pour son usage personnel, celui qui est par ailleurs accusé de tribalisme et de népotisme s’octroie de confortables frais de mission sans bouger de son bureau. Et, comme véhicule de fonction, le présumé prédateur s’est offert une caisse à 65 millions de FCFA, là où le conseil d’administration l’autorise à acquérir une limousine de 40 millions FCFA maximum. Dans la même veine, il dispose d’un répertoire de fournisseurs fictifs à l’instar des Ets Sanon et Fils, Réel Un Consulting ou encore Africa Consulting, dont le commissaire aux comptes Bienvenu Moussi gérerait en sous-main», énumère l’auteur de l’article. Pour justifier son article à charge, Le Courrier dit avoir adressé une lettre à M. Tchobang pour l’équilibre des informations. Mais ce dernier n’a pas daigné répondre.
Cas d’école, Yves Michel Fotso
Yves Michel Fotso, ancien patron de la compagnie aérienne Camair, avait été condamné à la prison à perpétuité pour le détournement de près de 50 millions d’euros. Le Camerounais avait déjà été condamné à 25 ans de prison dans une autre affaire de corruption. Les juges du TCS ont « reconnu Yves Michel Fotso, coupable du détournement de 32,4 milliards de francs CFA », soit environ 49 millions d’euros, a précisé les médias camerounais à l’époque en 2016.
Selon des sources, lorsqu’il dirigeait la Camair (2000-2003), Yves Michel Fotso avait créé trois « sociétés écran » à travers lesquelles il louait à la compagnie aérienne des avions pourtant achetés avec des fonds publics du Cameroun. Les juges ont aussi retenu contre lui le fait d’avoir effectué des retraits frauduleux sur un compte de la Camair enregistré à la Commercial Bank of Cameroon (CBC).
En 2000, le président Paul Biya avait fait confiance et appel à Yves Michel Fotso, fils du richissime homme d’affaires Victor Fotso décédé, pour redresser la compagnie aérienne Camair, mais la justice estime qu’il en a profité pour s’enrichir personnellement. Le gouvernement camerounais a mis en liquidation la Camair en 2005, avant de lancer la Camair-Co, qui reste confrontée à de très grosses difficultés financières.
Incarcéré depuis décembre 2010, il est empêtré dans de nombreux scandales concernant sa gestion de la Camair. En septembre 2012, il avait été condamné à 25 ans de prison, en même temps qu’un ancien secrétaire général de la présidence, Marafa Hamidou Yaya, après avoir été reconnu coupable du détournement de 29 millions de dollars (25 millions d’euros) déboursés en 2001 par le Cameroun pour l’achat manqué d’un avion présidentiel.