« Il devient primordial de continuer d’assurer l’accès au financement des Pme pendant la pandémie de la Covid-19 afin de protéger les emplois, débloquer les investissements des entreprises et favoriser la croissance économique. » Cette nécessité soulignée par Marème Mbaye Ndiaye, directeur général de Société Générale Cameroun, est la raison d’être de la convention d’octroi d’une ligne de crédit de 10 milliards de F signée entre la banque locale et la Banque européenne d’investissement (BEI). Un partenariat en faveur du développement de l’économie camerounaise scellé ce 17 novembre 2020 à Douala sous le patronage du ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’Economie sociale et de l’Artisanat (Minpmeesa), Achille Bassilekin III.
Cet octroi de 10 milliards de F par l’institution financière de l’Union européenne (UE) s’inscrit dans le cadre global du programme d’appui de la BEI au secteur financier du Cameroun pour le financement des PME locales. Et Nikolaos Milianitis, le chef de la Représentation régionale de la BEI pour l’Afrique centrale, espère que « ce financement va répondre efficacement aux besoins immédiats des entreprises locales. L’enveloppe vise à [les] aider à la fois dans leurs projets d’investissement et leurs fonds de roulement. » Une « bouffée d’oxygène » selon le Minpmeesa « par ces temps où les Pme relèvent que leur principale difficulté est l’accès au financement », dans un contexte de récession économique globale liée à la crise sanitaire. Pour l’UE, il s’agit par cette initiative de contribuer à la résilience de l’écosystème entrepreneurial afin de poser les bases du processus de reprise économique post-Covid.
Industrie manufacturière, commerce, agriculture, tourisme et transports sont les secteurs qui pourront bénéficier de l’initiative. Le nouveau dispositif prévoit des conditions de décaissement plus souples pour les Pme, une catégorie qui, de l’avis d’Achille Bassilekin III, constitue le socle du capital productif et du bassin d’emplois décents.
Toujours dans le sens de l’accompagnement, la cérémonie de mardi a aussi été l’occasion pour le ministre de rappeler la batterie de mesures déjà mises en place par le gouvernement du Cameroun pour soutenir les secteurs durement impactés par la crise sanitaire. On peut citer notamment les mesures fiscales et les incitations évaluées à 114 milliards de F par la direction générale des Impôts. Il en a aussi profité pour annoncer les projections dans la loi de Finances 2021 en faveur des Pme qui contribueront à booster la production locale.
Le Cameroun reconnait le besoin de financement des PME
En visite en mars 2020, dans les locaux de la start-up Kiro’o Games qui a mobilisé l’essentiel de ses financements via le crowdfunding, le ministre camerounais en charge des Finances, Louis Paul Motaze, avait fait savoir qu’en plus d’accompagner cette technique de financement sur le plan institutionnel, le gouvernement travaille à mettre sur pied des solutions antérieures de financement des petites et moyennes entreprises (PME).
« Pour le crédit-bail, le rapport dit que l’initiative n’a pas vraiment prospéré en raison du régime fiscal qui lui était imposé. Cela signifie que le gouvernement va également travailler à résoudre ce problème », avait fait savoir Louis Paul Motaze, en marge de cette rencontre. Il a aussi indiqué que des discussions étaient en cours avec des partenaires au développement pour rendre la banque des PME créée par le président Paul Biya, beaucoup plus efficace.
« Le plus important c’est que le système économique soit irrigué par les financements dont il a besoin, quels que soient les secteurs », avait expliqué le ministre des Finances. Comme c’est le cas pour beaucoup de pays africains, la PME constitue au Cameroun, un maillon essentiel de la vie économique et pourtant, elle éprouve encore des difficultés d’accès aux financements pour des besoins à court terme de liquidité ou pour le financement des investissements à plus long terme. Le gouvernement a adopté en 2015, une stratégie d’inclusion financière, mais l’efficacité et la cohésion dans le déploiement de celle-ci demeurent assez faibles. La question avait fait déjà l’objet d’une discussion en juillet 2018, dans le cadre d’un Conseil des ministres. L’administration et même les banques estiment qu’une plus grande formalisation des PME est nécessaire pour améliorer le niveau d’accès au crédit.