L’opération d’assainissement entreprise par les pouvoirs publics au Cameroun se poursuit avec la mise en place de ce système dès la période solde d’octobre 2019, pour élargir le spectre de la traque aux fonctionnaires et agents publics fictifs.
Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, franchit un nouveau palier dans la lutte contre la distraction des fonds publics. Sa dernière trouvaille dans le processus d’assainissement du fichier solde de l’État, consacre le retrait définitif des bons de caisse du circuit de payement. « Jusqu’ici, à la fin de chaque mois, ceux des agents publics dont les salaires n’étaient pas virés dans une banque, se présentaient à la caisse dans divers postes comptables du Trésor, assignataires munis chacun d’un support papier physique sur lequel il était procédé à une décharge en vue de la perception de leur salaire », explique Achille Nestor Basahag, directeur de la comptabilité publique au ministère des Finances.
Qui sont concernés ?
146 000 personnes dont les salaires étaient touchés par voie de bon de caisse, percevront leur salaire au guichet dès la période solde du mois d’octobre 2019. L’opération à venir se déroulera sans heurts, sans problèmes particuliers. Les fonctionnaires et autres agents publics devront juste présenter leur carte nationale d’identité en cours de validité, et de quelques éléments biométriques.
Ceux des agents publics dont la rémunération est supérieure à 100 000 F, soient 20% des personnes ciblées, doivent procéder à l’ouverture des comptes bancaires dans de meilleurs délais.
Principaux avantages de ce système
Le retrait des bons de caisse du circuit de payement présente un quadruple avantage. La réduction du volume de liquidité en circulation dans les trésoreries. La mise en place d’une meilleure visibilité de toutes les opérations comptables. Le désengorgement des perceptions et trésoreries et l’amélioration du taux de bancarisation de l’économie. Une économie annuelle de 320 millions représentant les charges liées à l’acquisition du papier sécurisé, auprès d’une entreprise étrangère, nécessaire à l’établissement des bons de caisse.
Après le comptage physique des personnels de l’État, la mise en place du système de payement individualisé, la dématérialisation des bons de caisse est une nouvelle pierre à l’édifice de maîtrise de la masse salariale de l’Etat en cours de construction.
Achille Nestor Basahag, Directeur de la Comptabilité publique au ministère des Finances.
Comment se passera la phase de paiement des salaires d’octobre 2019 ?
Les fonctionnaires et agents publics se présenteront chacun tel qu’ils l’ont toujours fait, devant leur poste comptable assignataire muni uniquement de certains éléments biométriques qui jusqu’ici ne leur étaient pas exigés. Il s’agit de deux cartes photos visa avec mentionnés au verso, le nom complet, le numéro matricule et le numéro de téléphone mais aussi, d’une photocopie de la carte nationale d’identité et trois spécimen de signature. Pour que cette opération se passe dans la cohérence totale et selon les grandes orientations fixées par le chef de département, des cadres partiront des services centraux et se déploieront dans toutes les circonscriptions financières à l’effet de superviser le bon déroulement des opérations sur le terrain.
Qu’est-ce qui a été prévu pour les zones non fournies en énergie électrique ?
À la fin de chaque mois, chaque chef de poste comptable non fourni par l’énergie électrique se présentera à la trésorerie générale qui est localisée au chef-lieu de la région. À ce niveau, il sera procédé à l’édition d’un listing automatique qui comportera les éléments biométriques. Il va donc se déplacer muni de ces éléments dans son poste comptable pour effectuer les contrôles nécessaires et procéder aux opérations de paiement.
Quels sont les prochains chantiers ?
Dans le moyen terme, nous aimerons voir le Trésor public agir comme une banque à travers l’introduction des cartes pour la perception des salaires. Il n’est pas impossible que nous puissions charger le salaire des agents dans leur carte avec des terminaux installés à différents postes comptables du Trésor. C’est la cible vers laquelle nous sommes en train de cheminer. Elle sera matérialisée par l’introduction de la monétique comme moyen de paiement des salariés de l’Etat.