Cette puissance électrique de l’ouvrage, apprend-on, permet ainsi d’alimenter en électricité le département du Dja et Lobo dans le Sud du pays et une partie de la région du Centre. Pour une injection optimale de l’énergie électrique produite par cette centrale, explique le Ministère de l’eau, et de l’énergie, la société ENEO devra achever la réhabilitation de la ligne de distribution d’électricité de 30 kilovolts Mbalmayo-Sangmelima-Ndjom Yekombo. La fin des tests de performance étant annoncée à la fin du mois de juillet 2022, la réception définitive de l’aménagement hydroélectrique de Mekin est programmée au 4e trimestre de 2022. Mais cela n’aura pas été sans écueils.
C’est en effet depuis 2015 que la société Hydro Mekin annonce en vain la mise en marche de cet ouvrage hydroélectrique. Mise sous tension depuis juin 2019, après plusieurs années de retard dans la livraison du chantier, cette centrale construite dans la région du Sud du pays n’a jamais véritablement fonctionné, en raison de nombreuses difficultés aussi bien technique, environnementale que juridico-administrative.
En 2020, à cause d’une panne sur la « bobine du point neutre », cette centrale a été mise à l’arrêt. La société Hydro Mekin en charge de l’exploitation de l’ouvrage a procédé à son remplacement et les essais techniques ont été lancés pour une mise en service commerciale prévue en janvier 2021. Mais ces essais ont été plus longs que prévu et c’est finalement en cette année 2022 que les premières injections de MW dans le RIS sont effectives.
Construite par la China National Electric Engineering Corporation (CNEEC) cette infrastructure énergétique est essentiellement destinée à alimenter en électricité les huit communes du département du Dja et Lobo, grâce à une ligne d’évacuation d’énergie de 33 kilomètres. D’un coût initial de 25 milliards FCFA (Exim Bank of China à hauteur de 75% et l’État du Cameroun à hauteur de 25%), le projet avait déjà englouti 34,5 milliards de FCFA en début 2020, selon la société de projet HydroMekin.
D’un coût total de 25 milliards de francs CFA, soit environ 38 millions d’euros, la centrale hydroélectrique, implantée sur le fleuve Dja, disposera alors d’une puissance de 15 MW. Avant sa réception provisoire, la plupart des problèmes avaient déjà été réglés par l’entreprise en charge du chantier, la China National Electric Engineering Corporation. S’il restait encore prudent, le ministère se félicitait toutefois de l’avancée du programme d’amélioration en marge des regards et difficultés enregistrés.
Le Cameroun en route vers l’émergence énergétique
Tandis que, selon des estimations de la Banque mondiale en 2019, 62% des Camerounais sont encore privés d’électricité, le pays manque toujours de moyens de production modernes. La puissance installée est actuellement estimée à 1 400 MW, pour une demande globale de plus de 2 000 MW, aujourd’hui compensée par d’importantes constructions d’infrastructures énergétiques dans tout le pays.
Pour changer la donne, le gouvernement a décidé de miser sur les énergies renouvelables, et notamment sur l’hydroélectricité, dont le potentiel est estimé à 12 000 MW. De quoi satisfaire plus que largement la demande intérieure. Le Cameroun est traversé par plusieurs cours d’eau puissants, comme le Sanaga, le Chari, le Wouri, ou encore le Nyong. Si des centrales hydroélectriques existent déjà, plusieurs projets, outre celui de Ségou, en sont actuellement à des phases de développement plus ou moins avancées.
Lui aussi en retard sur les prévisions de livraison, le barrage de Memve’ele a ainsi été officiellement mis sous tension le 16 avril 2019. Installé à Nyabizan, sur le fleuve Ntem et à 300 kilomètres environ de la capitale Yaoundé, il a été construit par l’entreprise chinoise Sinohydro. Si la centrale ne fournit pour l’instant que 80 MW, elle disposera d’une puissance finale de 211 MW, pour un budget total de plus de 640 millions d’euros. Parmi les autres projets actuellement à l’étude, citons ceux de Nachtigal-Amont, de Song Dong, et même de Song Mbengue, avec ses 950 MW.