Du côté de Electricity Development Corporation (EDC), Théodore Nsangou, le directeur général, jure la main sur le cœur que la vente des véhicules s’est déroulée selon les normes. « Elle était consécutive à une résolution du conseil d’administration », instance managériale dirigée par Mengot Arrey Nkongo Victor. L’article 112 de la loi du 12 juillet 2017 portant statut général des entreprises publiques est brandit. Il stipule que « l’acquisition et la gestion du parc automobile relève de la compétence du directeur général ». Une lecture de cette loi, par un responsable de EDC, renseigne que « la gestion concerne aussi l’acquisition et l’aliénation, sous le contrôle du conseil d’administration ». L’on rappelle également que le décret présidentiel du 4 mai 2020 portant réorganisation de EDC, « n’a pas changé les dispositions du 12 juillet 2017, concernant l’acquisition et la gestion du parc automobile ».
Les responsables de EDC affirment s’être heurtés à plusieurs entorses orchestrées par plusieurs personnels de l’entreprise qui « envoyaient des lettres de dénonciation autant calomnieuses que mensongères », aux services du ministre délégué à la présidence de la République chargé du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe), et au ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf). « Ces actions ont provoqué des descentes des équipes desdites administrations », révèle un responsable de EDC. Le temps accordé à ces missions a occasionné le report de la vente aux enchères, qui a finalement eu lieu le 13 août, sanctionnée par un rapport du comité technique au sein duquel « siégeaient des représentants du Consupe et du Mindcaf ». En guise de preuve de bonne foi, un pan de la liste des acquéreurs a été levé.
Dans la liste, on trouve : véhicule numéro 21, Land Cruisser v8 attribué à Ayuk Raphaël Arrey, véhicule numéro 44 pick-up attribué à Arrey Daniel, véhicule numéro 26 Land Cruisser v8 immatriculé it16684rc attribué à personne officiellement. Véhicule numéro 19 Toyota Land Cruiser v8 it16683rc attribué à Kpoumie Ibrahim, véhicule numéro 37 Toyota Camry attribué à Moumbain Joneidou, véhicule numéro 41 Vitara attribué à Ravoua Emmanuel, véhicule numéro 46 pick-up attribué à Nsangou Mbououo Adamou, véhicule numéro 48 Pajero attribué à Kpoumie Odou, véhicule numéro 32 pick-up attribué à Nsangou Ndam Legrand, et le véhicule numéro 12 Prado immatriculé it16679rc attribué à Angeline Rebecca.
Pour le mouvement syndical et le « collectif des indignés » de EDC , la vente aux enchères était une « opération mafieuse ». Ils soutiennent que Théodore Nsangou et Arrey Victor Mengot « ont offert les véhicules à leurs proches ». Des voix s’élèvent pour dire que certains véhicules ont été vendus aux enchères étant « virtuellement localisés à Douala et à Bertoua » pour une vente qui a eu lieu à Yaoundé. « Ces voitures ne représentaient plus rien ni sur le plan comptable ni sur le plan pénien », a sèchement tranché un responsable du comité technique de la vente aux enchères. Les opérations de vente aux enchères de matériels roulants, dans les entreprises publiques, ne sont-elles pas entourées d’un volet social pour doter le personnel de classe inférieure de véhicules ? EDC dont les missions ont récemment été affinées par un décret du président de la République, gagnerait à briller dans le domaine de la production de l’énergie dont le peuple camerounais a grand besoin pour le développement local. Sous d’autres cieux, on dirait qu’« il n’y a pas de fumée sans feu ».