Au cours de cette rencontre présidée par le Premier ministre, Joseph Dion Nguté, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), la plus importante organisation patronale du pays, est revenu sur les difficultés auxquelles font face les entreprises camerounaises, depuis le déclenchement de la pandémie du coronavirus en 2020.
À en croire Célestin Tawamba, le président du Gicam, au terme de l’année 2020, les entreprises installées au Cameroun ont perdu environ 3 139 milliards de FCFA de chiffre d’affaires (-26% en glissement annuel). Ce ralentissement des activités économiques, consécutif aux restrictions mises en place dans le monde dans le cadre de la riposte contre le Covid-19, a conduit au licenciement de 13 834 employés permanents des entreprises locales, soit 3,5% des effectifs globaux. Dans le même temps, apprend-on de la même source, 53 346 employés ont été mis en chômage technique dans le pays. Ce qui, selon les calculs du Gicam, représente « 13% du total des employés permanents des entreprises modernes » du Cameroun.
Malgré l’atténuation de la pandémie en 2021 et la reprise économique, le ciel ne s’est pas éclairci davantage pour les entreprises au Cameroun. En effet, en dépit d’une augmentation de la demande des produits et autres services, l’offre, elle, n’a pas pu combler les attentes des consommateurs. En cause, souligne le Gicam, la hausse vertigineuse des prix des matières premières sur le marché international et l’explosion des coûts du fret maritime du fait des perturbations sur la chaîne logistique mondiale. Ces deux facteurs ont provoqué un accroissement des coûts de production dans les unités de production (15 à 30% selon le Gicam), qui ont de nouveau mis un bémol sur leurs activités.
L’impact du conflit Russo-Ukrainien
La guerre qui oppose les Russes et Ukrainiens depuis le 24 Février 2022, n’arrangent pas les affaires de l’économie camerounaise. Selon le GICAM, ce conflit a une nouvelle fois entraîné une augmentation des cours de certains produits majeurs sur le marché international. C’est par exemple le cas du pétrole, qui a atteint 139 dollars le baril en mars 2022, soit le niveau le plus élevé depuis la crise de 2008. Par ailleurs, le blé (35% des importations du pays proviennent de la Russie), dont le prix de la tonne, selon les données du Gicam, a augmenté de 44% entre janvier 2020 et janvier 2022, avant d’exploser de 83% de janvier à mars 2022, en raison du déclenchement des bombardements russes sur l’Ukraine. Pour les mêmes causes, le prix des engrais, lui, a augmenté de 293% entre janvier 2020 et janvier 2022, tandis que la tonne d’huile de palme a quasiment doublé de prix, souligne l’organisation patronale.
Cette réalité continue d’entraîner des surcoûts d’importations aux entreprises du pays. À en croire le GICAM, ces surcoûts avaient déjà atteint 213 milliards de FCFA à fin 2021, pour six filières de production (minoterie, industries brassicoles, cimenterie, engrais et produits phytosanitaires, emballages et cartons, oléagineux). Pour le seul secteur pétrolier, apprend-on, ces surcoûts d’importations culminent à 185 milliards de FCFA pour le 1er trimestre 2022.