Les conséquences de cette paralysie se font déjà sentir dans la capitale. Dans les supermarchés et autres boutiques, certaines denrées commencent à manquer. Les stocks de produits surgelés et laitiers s’amenuisent. « Si le marché continue comme ça, dans une semaine, il n’y a plus rien », confie un responsable de supermarché. A la frontière avec le Cameroun, devant les locaux du Bureau d’affrètement routier centrafricain (Brac), où transitent habituellement tous les camions qui font la navette sur le corridor Douala-Bangui, l’ambiance est morose. Tous les véhicules, en partance ou en provenance de Bangui, sont bloqués. Dans la cour, des dizaines de chauffeurs attendent de pouvoir prendre la route avec leur chargement.
Le Bureau de gestion du fret terrestre du Cameroun (Bgft) fait état de plus de 1 000 camions en provenance du Cameroun stationnés à Garoua Boulai, dans la région de l’Est, principale voie d’entrée vers la Centrafrique. « Certains camions ayant franchi le territoire centrafricain ont été obligés, compte tenu des combats intenses, de faire arrêt dans les localités de Carnot, Baoro, Yaloke, ou Boali en attendant une éventuelle accalmie », rapporte une source, qui regrette le supplément de charges financières y relatives, en plus de l’insécurité sur les personnes et les biens.
L’actuelle perturbation du trafic entre les deux pays, en raison de la fièvre sécuritaire, vient s’ajouter à la pandémie de COVID-19 aux répercussions désastreuses sur le transport de marchandises. « Il existe des contacts permanents entre les organismes de fret camerounais et centrafricains pour une gestion saine et efficace de la situation qui prévaut », assure El Hadj Oumarou, le coordonnateur général du Bgft. Toutefois, il émet de fortes réserves sur la tenue en avril 2021, de la concertation bipartite entre les organismes statutaires de gestion du fret : Bgft et Barc. De fortes incertitudes pèsent également sur le calendrier de mise en application dès le 1er janvier 2021, du prix-plancher du transport arrêté à 3,25 millions de F, entre le Cameroun et la Centrafrique.
Egalement fortement compromis, le suivi ou l’application des résolutions issues de la bipartite, tenue le 25 novembre 2020, à Douala. Entre autres recommandations, il a été arrêté la transmission par le Bgft au Barc, des prérequis du système de gestion et de dématérialisation des procédures d’enregistrement du fret, l’adoption d’un formulaire unique de présentation des statistiques, l’introduction du bon de commande portant le prix du transport consensuel arrêté dans les pièces exigibles pour l’établissement de lettres de voiture, l’arrêt de la double facturation du transport de deux conteneurs de 20 pieds, et la saisine du directeur général des douanes camerounaises pour les besoins de confirmation de l’interface des GPS des opérateurs avec Nexus.