C’est officiel. Dès aujourd’hui, jetez un coup d’œil dans le ciel vous la verrez certainement. « L’étoile du Cameroun reprend progressivement son exploitation à l’intérieur du pays. La mobilité des Camerounais, une priorité du gouvernement », a annoncé la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co), sur son compte Facebook, le 7 octobre. La programmation des vols domestiques intervient après l’acquisition d’un Boeing 737-300, pris en location avec équipage (wet-lease) chez Jonika.
Cet appareil, immatriculé UR-CQW, 135 places, 22 ans, successivement exploité par Ukraine International Airlines, Bravo Airways et Fly Erbil, s’est posé à l’aéroport international de Douala le 25 septembre. La location de ce Boeing 737 redonne des ailes à Camair-Co, compagnie en cessation d’activités depuis fin mars. L’autre chantier immédiat du management consiste en la réhabilitation de la flotte.
Les deux MA60 de Camair-Co, habituellement déployés sur le marché intérieur, requièrent une maintenance. Les deux 737-700, cloués au sol depuis février 2019, attendent d’être convoyés en Ethiopie pour y subir une maintenance lourde. C’est d’ailleurs dans les ateliers d’Ethiopian Airlines à Addis-Abeba que le 767-300, seul avion long-courrier du transporteur, se trouve depuis le 12 janvier 2018. La reprise progressive de l’exploitation est surtout la manifestation de la volonté du président Paul Biya.
« J’ai l’honneur de vous faire savoir que le président de la République a marqué son haut accord pour la mise en œuvre des mesures proposées par le Premier ministre, chef du gouvernement, et le ministre des Transports, concernant la relance de Camair-Co à très court et moyen termes », écrivait Ferdinand Ngoh Ngoh, le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, le 14 juillet 2020. A cette date, la compagnie aérienne nationale, était à la fois déficitaire et lourdement endettée, ne disposant d’aucun avion en état de voler. Face à cette situation aggravée par la crise sanitaire de COVID-19, le chef de l’Etat a ordonné « d’affecter dans l’immédiat, 15 milliards de F », aux fins bien définies. L’envoi en maintenance de l’un des Boeing 737-700 NG ; l’acquisition de deux aéronefs Dash Bombardier Q400 mieux adaptés aux lignes à courte distance ; la location de deux moteurs susceptibles de permettre la remise en vol du deuxième Boeing 737-700NG. Dans la même correspondance, le président de la République instruisait l’élaboration d’un plan de privatisation de Camair-Co, transporteur qui cumule une dette de plus de 110 milliards de FCFA et dont le personnel cumule près de cinq mois d’arriérés de salaires. La reprise progressive de l’exploitation, annoncée le 7 octobre, par le top management de Camair-Co, vise donc ni plus ni moins, la proposition d’un plan de restructuration, de relance et de développement de la compagnie, dans l’optique d’ouvrir son capital social à hauteur de 51% à un partenaire stratégique privé, conformément à l’article 5 du décret du 11 septembre 2006, portant création de la compagnie, fierté de toute une nation.