Une correspondance du Directeur général adjoint (DGA) de Camir-co, Constant Mve Minsi, adressée au Directeur général, Louis Georges Njipendi Kouotou, confirme la détérioration des rapports entre les deux hommes. Le DGA relate ses multiples déboires à être reçu en audience par le DG alors même qu’il devait le représenter le 21 août dernier à une réunion interministérielle d’évaluation du plan de relance de la compagnie.
« N’ayant aucune information, ni document à ce sujet, la rencontre a été annulée. Revenu à Douala, J’ai demandé une audience le lundi 24 août 2020 vers 14h afin de vous rendre compte verbalement du déroulement des travaux à Yaoundé avant la réception des comptes rendus en cours de rédaction au MINT. Je n’ai malheureusement reçu aucune réaction jusqu’au moment où je quittais mon bureau vers 18h30 », regrette Constant Mve Minsi.
Ce dernier se plaint également de ne pas jouir des prérogatives liées à sa fonction de DGA de Camair-co et de n’avoir pas accès à des dossiers importants. « L’occasion m’est donnée de rappeler mes demandes verbales de la compensation liée à l’indisponibilité du véhicule hôtel particulier, du chauffeur et du gardiennage à mon domicile, telle qu’exprimée dans mon mémorandum N 10/0GA-2020 du 10 Juin 2020. je constate, Monsieur le Directeur Général, la détérioration, entre nous, de la communication et de la collaboration, ainsi que de importance que vous accordez à certains dossiers que vous me confiez, d’une part, et a certaines de mes préoccupations, d’autre part. »
Pourtant dans une correspondance que le DG lui a adressée, il lui est reproché de porter ses observations et des affaires internes à la compagnie à des personnes externes. Notamment au ministre des Transports, qui est par ailleurs le président du conseil d’administration de Camair-Co.
Le DG Louis Georges Njipendi Kuotu a qualifié cela de la «désinvolture» dans la gestion du dossier de relance de Camair-co. Rappelant à son principal collaborateur qu’il a été nommé pour l’assister dans le management de l’entreprise. « Vous ne saurez agir au nom et pour le compte de la Direction générale, sans avis préalable du Directeur général, à l’exception des cas exceptionnellement prévus par la réglementation en vigueur», sermonne le directeur général. La crise entre les deux hommes intervient au moment la compagnie s’apprête à relancer ses activités après un arrêt imposé par la pandémie du Covid-19.
En mai 2019, le Chef de l’Etat leur fait confiance
Les trois décrets du Chef de l’Etat, portant nomination de nouveaux dirigeants à la tête de la Cameroon Airlines corporation ont été rendu public au cours d’une session extraordinaire du conseil d’administration de la compagnie tenue à Yaoundé dans l’après-midi de lundi 27 mai 2019. Le ministre des transports, Jean Ernest Ngalle Bibehe, avait alors présidé à Yaoundé, une session extraordinaire du conseil d’administration de la compagnie nationale aérienne. « Une réunion brève qui avait un seul but, à savoir communiquer le réaménagement décidé par le Chef de l’Etat à la tête de Camair-co et installer les nouveaux responsables » a expliqué à la presse, le ministre Ngalle Bibehe. Justement, pendant cette réunion, il avait été publié les trois décrets du Chef de l’Etat, portant nomination du Président du conseil d’administration, du Directeur général et du Directeur général adjoint.
Ainsi, le Chef de l’Etat a nommé Louis Georges Njipendi Kouotou au poste de Directeur général de la Camair-co, qui remplace Ernest Dikoume. Le second décret présidentiel nomme Mve Max au poste de Directeur général adjoint en remplacement de Moussa Abouba. Le troisième et le dernier décret, nomme le ministre des transports, Ngalle Bibehe Massena Jean Ernest, au poste de Président du conseil d’administration en remplacement de Louis Georges Njipendi Kouotou, devenu DG de la compagnie. Les nouvelles recrues, ont reçu pour mission de piloter à bon port le nouveau plan de relance de la compagnie qui est replongée depuis plusieurs mois une terrifiante zone de turbulence.
Restructuration en vue de l’entreprise
La décision de la direction générale annonçant la mise en congés techniques des 2/3 du personnel en vue de poursuivre le plan d’exploitation de l’entreprise a provoqué un niet catégorique des syndicats en juin 2020.
Le bras de fer qui oppose la direction générale et le collectif des syndicats du transport aérien au sujet de la mise en congés techniques de 371 employés annonce-t-il le début de la fin de la Compagnie nationale de transport aérien du Cameroun (CAMAIR-CO) ? Si ce n’est pas le cas, force est de constater que cette nouvelle spirale de ping-pong n’est pas de nature à favoriser un climat de sérénité pour le pavillon national affectueusement appelé « la onzième région » du pays. Englué dans d’énormes difficultés avec un endettement de plus de 30 milliards de FCFA, la Compagnie nationale qui vat du mal à assurer la desserte domestique et régionale dans quelques capitales d’Afrique centrale et de l’Ouest a vu ses difficultés se renforcer avec l’apparition de la pandémie du Coronavirus.
Ainsi, à compter du lundi 22 juin 2020, l’entreprise a mis en chômage technique « le personnel non essentiel » rapporte un communiqué du Directeur général Louis Georges Njipendi Kuotu, précisant que « la reprise totale de l’exploitation n’est pas envisagée avant trois mois, eu égard aux contraintes financières, mais également à l’indisponibilité de la flotte ».
Une mesure d’après la direction de la compagnie qui « vise notamment à limiter l’accroissement inutile de la dette salariale, réduire les risques de contagion du personnel et maîtriser les charges de fonctionnement ». Avec une flotte de six aéronefs dont quatre bloqués au sol pour des raisons de maintenance, la CAMAIR-CO née des cendres de Cameroon Arilines (CAMAIR) et opérationnelle depuis bientôt dix ans a déjà connu plusieurs plans de restructuration, dont celui d’un cabinet américain Boieng consulting adopté mais non exécuté qui prévoit d’investir 60 milliards de FCFA pour relancer l’entreprise.