Le remplacement, le 27 mai 2019 lors du conseil d’administration, du directeur général, Ernest Dikoum, par Louis-Georges Njipendi Kouotou, jusque-là président du conseil d’administration, n’a visiblement pas suffit à redonner des airs à la compagnie aérienne camerounaise. Un an après, le décor semble planté pour un nouveau recommencement.
L’arrivée de Louis-Georges Njipendi Kouotou à la tête de la direction générale de Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co), président du conseil d’administration (PCA) depuis le 24 avril 2017, sonnait comme l’entrée en scène d’un parfait connaisseur de la maison capable d’inverser la tendance. L’on fondait de légitimes espoirs de sortie de crise permanente dont l’histoire de Camair-Co, faite d’endettement chronique et de valse des dirigeants, est coutumière depuis sa création en 2011.
Courant mars dernier, l’Autorité aéronautique a suspendu l’exploitation de l’unique aéronef de la flotte de Camair-Co, l’étoile du Cameroun. Entre tensions de trésorerie, malversations relevées dans l’analyse des contrats de location d’aéronefs, non-respect des normes réglementaires de l’aviation civile, mauvais état de la flotte, effectif pléthorique aux compétences douteuses, et impact du COVID-19, la compagnie a vite fait de retrouver une atmosphère de crise.
Abu Dhabi Aviation, son partenaire dans le contrat-leasing du Bombardier Dash 8-Q400, affiche son option de mettre un terme à leur partenariat. Les intentions de la compagnie aérienne émiratie sont clairement définies dans une correspondance adressée le 20 mai 2020 par Mohamed Ibrahim Al Mazrouli, son directeur général, à Louis-Georges Njipendi Kouotou, le directeur général de Camair-Co. Ledit partenariat a pris officiellement fin le 4 mai dernier. Par cette correspondance, Abu Dhabi Aviation sollicite « la collaboration de Camair-Co pour l’enregistrement, le retour de l’avion ainsi que tous les dossiers techniques, tel que prévu dans le contrat de leasing ». Le Bombardier Dash 8-Q400 desservait, depuis 2018, les lignes domestiques nationales, Douala, Yaoundé, Garoua, Bafoussam… Après un peu plus de 2 ans de partenariat, la compagnie Abu Dhabi Aviatio, demande à être « informée des actions locales menées au Cameroun avec le concours de la Cameroon Civil Aviation Authority et la justice locale pour expédier l’aéronef ». Mohamed Ibrahim Al Mazrouli enfonce le clou en soulignant que « toutes dépenses engagées, y compris les frais légaux supplémentaires inhérents à la restitution de l’avion à Abu Dhabi Aviation, seront supportés par Camair-Co. Dans le cas où Camair-Co choisit de ne pas coopérer, Camair-Co devra s’acquitter, conformément au contrat de leasing, de frais additionnels ». Confirmant la réception de cette correspondance, les responsables de Camair-Co évoquent « le non-paiement des loyers de leasing » comme principale raison de la rupture de contrat par Abu Dhabi Aviation. Une mauvaise nouvelle en pleine crise sanitaire.
La mission n’est décidément pas aisée pour Louis-Georges Njipendi Kouotou. A en croire une correspondance à lui adressée par le PCA le 5 juin 2020, il s’apprêterait à signer la mise en congé technique de 64% des employés de la compagnie, pour un coût de 1,4 milliard de FCFA financé par le Trésor public. Cette mesure est consécutive à la cessation des activités de la compagnie, suite à la pandémie de coronavirus dans le pays. Elle soulagerait aussi l’Etat, unique actionnaire de la compagnie, d’une subvention d’équilibre de 2 milliards de F tat par mois, réclamée par le DG pour poursuivre l’exploitation de Camair-Co, dont pratiquement tous les avions sont cloués au sol depuis des mois, pour divers motifs. Ce climat délétère alimente des rumeurs selon lesquelles, les pouvoirs publics seraient à la recherche d’un nouveau toubib pour Camair-Co, placée sous assistance respiratoire depuis 2011 !