L’homme d’affaires camerounais Jean Pierre Amougou Belinga est dans de mauvais draps. En effet, le patron du groupe l’Anecdote, détenteur de la chaîne Vision 4, une télévision privée émettant depuis Yaoundé au Cameroun, a vu ses comptes bancaires être saisis pour défaut de paiement. C’est une note signée, le 09 mai 2022, par Enangue Serge Malfred, inspecteur de régies financières qui donne cette nouvelle.
« Faisant suite au non-paiement de votre dette fiscale relative à divers ARM, du 07 février 2022, d’un solde de 17 milliards de FCFA, j’ai l’honneur de vous informer que des avis à tiers détenteurs et contraintes extérieures ont été adressés pour le recouvrement de ladite dette fiscale aux banques et postes ci-après : BGFI BANK, AFRILAND FIRST BANK, SCB-CAMEROUN, PAIERIE GENERALE DES TRESORS », peut-on lire dans la note officielle.
Interrogations au sein des Ékangs
Ladite note qui circule actuellement sur les réseaux sociaux fait débat. « Donc le gars a même eu les milliards de la ligne 94, il n’arrive pas à payer les impôts. Pourtant, le montant n’est même pas ce qu’il donne à ses employés, le jour de son anniversaire. Après on va dire que les Ekangs veulent tuer leur seul homme d’affaire qui émerge », commente Hipolyte Kenmegne
« Leurs sourdines manœuvres à faire tomber détruire Mr Amougou Belinga continue coûte que coûte ! Donc pas de sommations, d’avertissements, on saisit les comptes d’un homme d’affaire comme ça ? Comment va-t-il continuer à travailler avec ces boîtes sans liquidité disponible ? Afin de faire face à un éventuel payement à échéance ? On observe la scène attentivement ! », note Isabelle Vano.
Genèse et réaction des internautes
Au Cameroun, les relations entre opérateurs économiques et agents de l’administration fiscale (Fisc) sont réputées être de cordiale détestation. Entre Jean-Pierre Amougou Belinga, puissant patron de Vision 4, et Modeste Mopa Fatoing, directeur général des impôts, l’inimitié est montée d’un cran à la faveur d’une affaire fiscale devenue conflit ouvert. Un duel entre deux figures de la scène publique camerounaise à l’issue plus qu’incertaine, et dont les ramifications s’étendent jusqu’au sommet de l’État.
Si elle fait aujourd’hui la une des médias camerounais, l’affaire a pourtant débuté il y a plusieurs semaines. Fin 2021, l’Agence nationale d’investigation financière (Anif, l’organe chargé du renseignement financier), a fait parvenir à la Direction générale des impôts (DGI) une liste d’entreprises dont le volume de transactions financières avait attiré son attention. Douze d’entre elles ont ainsi cumulé autour de 80 milliards de F CFA (près de 122 millions d’euros) entre 2018 et 2020. À la suite de cette alerte, la DGI a engagé un contrôle de conformité avec le Fisc. Deux divisions des impôts ont été commises à la tâche, conformément à la répartition géographique des entreprises visées. En février dernier, le premier centre établit qu’une partie des sociétés concernées est redevable d’une dette fiscale de plus de 18 milliards de FCFA.
Cette information qui secoue la toile a donné l’occasion à plusieurs internautes de s’exprimer. Au regard des relations de Jean Pierre Amougou Belinga. Certains estiment que cette action de saisie ne perdurera pas. « Je doute les actions de saisine des avoirs bancaires là se poursuivent jusqu’à terme, le tribunal va demander de surseoir en attendant le verdict », a indiqué un internaute..« Comment une seule personne peut devoir 17 milliards aux impôts ? Pendant que les gens meurent faute de médicaments ou d’eau potable ? », s’est inquiétée une autre internaute. Entre temps, Jean Pierre Amougou Belinga ne s’est pas encore exprimé.
Amougou Belinga contrairement à ce que tentent de faire croire ses collaborateurs, n’a pas que des médias comme entreprises. L’homme brasse des dizaines de milliards avec plus d’une dizaine de sociétés. Le journal KALARA dans sa parution de ce 18 avril 2022, titre en manchette, « Délinquance fiscale : la justice au secours de Amougou Belinga ». Le journal révélait que Amougou Belinga opère en réalité avec 14 sociétés mais userait actuellement de ses relations dans le sérail pour échapper au fisc.