Le chef de l’Etat a encore réussi à surprendre tout le monde vendredi soir en signant une série de décrets qui injectent du sang neuf au sein de l’équipe gouvernementale.
Comment fait-il pour toujours choisir le moment où on s’y attend le moins ? La réponse à cette question, seul Paul Biya la détient. Le président de la République a encore réussi son coup vendredi dernier, en prenant de court toute la République. En ce début de week-end, rien ne présageait une tournure des événements telle que les Camerounais l’ont vécue dès 20h.
L’actualité de ces derniers jours, déjà chargée, venait de dérouler une rentrée parlementaire aux enjeux évidents. Et les observateurs de la scène politique s’apprêtaient tranquillement pour les élections des bureaux permanents du Sénat et de l’Assemblée nationale, avant le grand rendez-vous du Congrès mardi. L’imprévisible Monsieur Biya est donc entré en scène. Et il ne faudra pas attendre jusqu’à mardi pour voir bouger l’actualité politique nationale.
Les inconditionnels du journal parlé de 20h sur le poste national de la CRTV auront la primeur, quand « d’importants textes du chef de l’Etat » sont annoncés. La formule déclenchera l’alerte chez les auditeurs, et les oreilles se tendent vers les transistors. Au total, cinq décrets signés ce vendredi 2 mars.
Modification de l’organisation du gouvernement, avec notamment l’avènement du ministère de la Décentralisation et du Développement local, réaménagement du gouvernement, nomination de nouveaux responsables au Secrétariat général et au Cabinet civil de la présidence de la République.
A 20h vendredi, le Cameroun qui s’apprêtait à profiter d’une nuit paisible après une semaine pleine, s’offre brusquement une nuit blanche. Car évidemment, l’information se répand comme une traînée de poudre. Avec ses corollaires.
Ruée vers les domiciles des promus, où familles, amis, collaborateurs et journalistes se retrouvent dans une ambiance de carnaval ; commentaires interminables sur les plateaux de télévision et de radio, ou simplement dans les quartiers.
C’est sûr, personne dans l’opinion n’avait vu venir celle-là. Car c’est bien là, la marque de fabrique du chef de l’Etat camerounais. Dans un pays où l’attente du « remaniement » est quasi-permanente, le président Paul Biya réalise toujours la prouesse de le faire à la surprise générale. Le choix du moment, tout un art chez celui que beaucoup –admirateurs et contempteurs confondus – appellent volontiers le « Maître du calendrier ». A cet exercice, Paul Biya n’a pas son pareil.
Les textes signés vendredi dernier brillent une fois de plus par leur pertinence et leur opportunité. Le meilleur exemple est sans doute la création d’un département ministériel entièrement dédié à la décentralisation et au développement local.
Au cours des derniers mois, la problématique de la décentralisation a souvent occupé le débat, notamment à la faveur de la situation dans les régions du Nord- Ouest et du Sud-Ouest. L’analyse de la situation et les doléances récurrentes entendues au cours des concertations débouchent donc sur cette nouveauté.
On en attend une autre dimension de la décentralisation, bien au-delà des intentions, bien plus loin que les premiers pas déjà faits en la matière.
Paul Biya qui lit bien les signes du contexte sociopolitique semble bien agir en conséquence. Et voilà une femme de plus dans le gouvernement, voilà des jeunes loups aux affaires. Sans oublier ces réajustements qui touchent pratiquement tous les secteurs à caractère économique (Finances, Economie, planification et aménagement du territoire, Transports, Forêts et faune, Travaux publics). Le message est clair : le Cameroun doit continuer d’avancer. Et aucune compétence ne sera.