Le porte-parole du gouvernement camerounais Emmanuel Sadi, a condamné le mouvement de protestation organisé samedi 29 juin 2019 à Genève, par les opposants du Président Paul Biya. Les manifestants ont été violemment réprimés par la police suisse et la sécurité présidentielle.
La tension ne semble pas être retombée à Genève. Les manifestants opposés au président Paul Biya réunis au sein d’une organisation dénommée Brigade anti-sardinards (BAS) ont annoncé le 29 juin qu’ils poursuivront leurs manifestations si le président ne quitte pas la Suisse pour retourner au Cameroun. Un ultimatum de quatre jours lui a d’ailleurs été donné pour s’exécuter. Du côté des pro-Biya, même ferme intention de ne rien laisser passer. Ceux-ci se dresseront devant tous ceux qui voudront perturber le séjour de Paul Biya, ont-ils annoncé, sans que le président n’ait précisé sa date de retour au Cameroun après ce voyage privé.
Les manifestants se sont livrés à un spectacle des plus ahurissant dans la ville suisse près de l’Hôtel Intercontinental ou le couple présidentiel a l’habitude de séjourner en Europe. Samedi, pourtant, le gouvernement avait tenté de mettre en garde les manifestants. « Le gouvernement exprime sa réprobation totale face à ce spectacle ubuesque qui déshonore le Cameroun », avait déclaré le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, dans un communiqué rendu public. Cette déclaration intervenait quelques heures après que le calme soit revenu à Genève, où des affrontements avaient eu lieu plus tôt dans la journée entre les forces de sécurité locales et les manifestants pro et anti-Biya.
Selon les médias helvétiques, la police genevoise a dû user de gaz lacrymogènes pour empêcher que les manifestants anti-Biya ne rejoignent l’hôtel Intercontinental de la ville, où logerait le président Paul Biya depuis le 23 juin. Des heurts ont également été enregistrés entre les pros et les anti-Biya, leurs deux manifestations ayant reçu l’aval des autorités suisses. Un affrontement quasi prévisible, tant les tensions avaient été amplifiées sur les réseaux sociaux par les partisans des deux camps à l’approche de ces mouvements. Il aura finalement fallu l’intervention vigoureuse de la police pour calmer les belligérants.
« Pourquoi toute cette violence, quel en est le bien-fondé ? », s’interroge le ministre René Sadi dans son communiqué. « Faire de la politique ne devrait pas signifier aller se bagarrer dans les halls d’hôtels au prétexte que le dirigeant de votre pays y réside. Cet acte discrédite le combat et celui-ci s’exclu du champ d’honneur de la politique », a ainsi affirmé Célestin Bedzigui, président du PAL, parti allié au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) formation politique leader.
Dimanche 23 juin 2019, Paul et Chantal Biya avaient quitté Yaoundé pour un court séjour privé en Europe. A peine ils ont frôlé le sol suisse, que les éléments de la brigade anti sardinard avaient violemment manifesté à l’hôtel intercontinental de Genève où ils sont logés. N’eut été la riposte des éléments de la sécurité présidentielle, les membres de la BAS auraient réussi leur pari le 25 juin 2019 ; celui de perturber, saboter voire boycotter le séjour du locataire d’Etoudi en ces lieux.
L’opposition condamne
En effet, certains leaders des partis politiques d’opposition disent NON à ce qu’ils qualifient d’actes de vandalisme. Pour Pierre Flambeau Ngayap, secrétaire général de l’UNDP (Union nationale pour la démocratie et le progrès), le président est une autorité que ses compatriotes doivent respecter partout où il se trouve quelles que soient les divergences d’opinion. « Il doit recevoir l’ensemble du respect de ses compatriotes. Le fait d’être opposé à sa politique ne justifie aucune violence ».
Dans le même sens, Serges Espoir Matomba, candidat au la présentielle du 7 octobre 2018, pense que les actes d’une telle envergure n’honorent pas le Cameroun « attaquer le chef de l’Etat dans son hôtel hors du Cameroun contribue à ternir l’image de notre pays à l’étranger », s’est insurgé le président du PURS (Peuple uni pour la rénovation sociale).
Quant à Robert Bapooh Lipot, le Cameroun est un Etat de droit et il doit être respecté comme tel « Il y a lieu de relever pour le dénoncer que ce n’est pas l’homme le président Paul Biya mais il s’agit bien évidemment d’une attaque dirigée contre les institutions de la République » a déclaré le secrétaire général de l’UPC (Union, des populations du Cameroun).
Célestin Bédzigui dit NON à la violence, NON à la barbarie mais OUI au dialogue « cet acte porte la signature d’un ensauvagement de certains Camerounais qui s’excluent du champ d’honneur de la politique dont le but principal est de construire la haine » a condamné le président du PAL (Parti de l’alliance libérale).