Le célèbre couturier a annoncé dans un communiqué qu’il ferait son dernier défilé de haute couture le 22 janvier après 50 ans de carrière.
En pleine semaine de la mode parisienne, juste avant l’ouverture des défilés haute couture, le couturier de 67 ans ayant fait ses débuts auprès de Pierre Cardin a surpris tout le monde. « Le 22 janvier 2020, je fêterai mes cinquante ans de carrière dans la mode avec un grand défilé show haute couture, au Théâtre du Châtelet. Ce sera aussi mon dernier défilé », a-t-il annoncé vendredi 17 janvier. Devenu l’un des symboles du luxe français, après cinquante ans, le couturier a tout prévu. « Mais rassurez-vous, la maison de couture Gaultier Paris continue, avec un nouveau projet dont je suis l’instigateur et qui vous sera révélé prochainement », assure-t-il. Pouvait-il en être autrement pour ce styliste français né le 24 avril 1952 à Bagneux qui lança sa première collection sous son nom durant les années 1970 ?
Une carrière de styliste bien remplie
Paris est la terre promise du petit banlieusard magnétisé par le foisonnant théâtre de la vie. Devenu couturier, il ne se lasse pas d’en montrer toute la richesse en posant un regard neuf sur le sujet mille fois ressassé de la ville lumière. La cité brillante des feux du luxe ne lui suffit pas. Il l’aime grise et blanche, au pavé mouillé, avec ses quartiers populaires et ses zones d’ombre. Avec Gaultier, le Paris des faubourgs bigarrés se mêle à celui des cercles étincelants de la haute société.
Deux concepts marquent des sommets dans l’œuvre de Jean Paul Gaultier : le corset réinventé et la jupe pour homme. Il exhume des placards de sa grand-mère maternelle, Marie, les corsets du XXe siècle et les guêpières des années 1940. En travaillant le corset, il offre à celles qui en sont privées les attributs de la féminité. Loin d’être un instrument de torture emprisonnant le corps de la femme, le corset incarne désormais la nouvelle puissance du féminin.
Dès le début des années 1980, il propose la multiplicité des genres, un vaste éventail qui englobe même l’hypersexué et le transgenre. Et il lance un formidable message de liberté : « soyez vous-même, quels que soient les caractères dont la nature et l’éducation vous ont dotés ! ». Au lieu de la suédoise blonde et diaphane, il impose la mannequin de caractère. Les castings sauvages qu’il organise complètent la sélection des agences de mannequins.
Voyeur bienveillant, curieux de tout, fasciné par les différences. Les mondes intouchés par la standardisation de la mode sont ses terrains d’exploration stylistique. Par transpositions, détournements et assemblages, il donne forme à des métissages transfrontières. Dès la collection Le retour de l’imprimé, prêt-à-porter Femme printemps-été 1984, Gaultier crée un mélange d’Afrique et d’Europe en drapant des tuniques ou des minijupes en boubous et en coiffant ses mannequins de chéchias.
Enfant, Jean Paul Gaultier se passionnait déjà pour le cinéma et le music-hall. La mode ne l’intéressait que pour la possibilité d’en faire un spectacle. Il dessine un grand nombre de costumes de films, de danse et de scène. Le secret de sa popularité tient sans doute à sa capacité d’écoute et de travail en symbiose avec les artistes.
Entre cinéma et music-hall, lequel constitue son « nouveau projet » ? Just wait and see !