Trempée à l’encre de l’humour pour peindre les réalités de son milieu de vie, est la marque de Guillaume Oyono Mbia. L’art associé à l’utile, faire évoluer les mentalités comme sur la problématique de la dot dans « Trois prétendants, un mari », l’un de ses plus grands succès littéraires paru en 1964, reste d’une actualité brûlante. Cet ouvrage culte demeure une source d’inspiration pour de milliers de jeunes aspirants à l’écriture. Derrière le succès de cette œuvre singulière, se cache plusieurs productions de cet auteur perspicace et prolifique. « Notre fille ne se mariera pas » en 1969, « Notre fils se marie » en 1971, « Jusqu’à nouvel avis » en 1977, « Le train spécial » en 1979, les tomes 1 et 2 de « Les chroniques de Mvoutessi », « Le bourbier » en 2002, et bien d’autres, complètent la longue liste des œuvres du génie créateur originaire de Mvoutessi II dans l’arrondissement de Zoételé, département du Dja-et-Lobo, région du Sud.
Lauréat du Prix du concours théâtral africain en 1967, du Prix théâtral interafricain en 1969, du Prix El Hadj Ahmadou Ahidjo en 1970, du grand Prix des Mécènes à l’édition 2014 des grands Prix des Associations littéraires, Guillaume Oyono Mbia se hisse comme l’un des plus grands dramaturges camerounais depuis l’indépendance. Artiste dans l’âme, ses notes d’humour ne se limitaient pas à ses pièces de théâtre. L’homme avait épousé son style. Intarissable d’anecdotes, il savait toujours arracher un sourire. « Guillaume était un homme très posé, et qui vivait de l’humour. Il ne tarissait pas de petites histoires rocambolesques au quotidien », confie Jean-Jacques Ndoudoumou, le chef du village Mvoutessi. A 82 ans, il a rangé sa plume et cassé sa pipe. L’homme s’en va, laissant des marques indélébiles dans l’univers de la littérature camerounaise et africaine.
Né le 2 mars 1939 à Mvoutessi II, c’est en 1958 que l’auteur commence ses études secondaires qu’il arrête en 1961. Il enseigne ensuite dans un collège avant d’entamer des études d’anglais en Grande-Bretagne. Il y obtient un diplôme de traducteur ainsi qu’un Bachelor of arts en 1969. Revenu au Cameroun, il a servi son pays en tant qu’enseignant-assistant au département d’anglais de la faculté des Lettres et sciences humaines de l’Université de Yaoundé, puis en service au ministère de l’Information et de la Culture de 1972 à 1975.