« Le Lion blanc » a été terrassé par la nature. Décédé au cours de la soirée du 20 septembre au Centre hospitalier et universitaire (CHU) de Yaoundé, où il séjournait depuis quelques jours. Toutefois, comme depuis un moment au Cameroun, de nombreuses rumeurs funestes, l’avaient accompagné comme ont été victimes d’autres artistes-musiciens. Sans nul doute par un public avide de buzz, et d’informations « sensationnelles » ou de primeur, une course bien connue qui touche tous les milieux, y compris la culture.
Auteur du titre à succès «Levez les doigts », Aijo Mamadou quitte la scène musicale à seulement 62 ans. Son état de santé critique avait quelques temps avant son décès, suscité plusieurs élans de cœur notamment au sein de la grande famille artistique camerounaise. Un montant de 4 491 000 FCFA avait été collecté pour les soins de l’artiste bikutsi, qui avait été conduit d’urgence au CHU, où il était sous assistance respiratoire selon son entourage. Le reste de la somme, 2 164 800 FCFA a été remis au fils du défunt pour aider à l’organisation des obsèques.
Nanga Eboko & Yaoundé pour les obsèques
Les cérémonies funèbres de l’artiste sont prévues du 26 octobre au 2 novembre 2024 à Nanga Eboko, sa localité natale, et à Yaoundé. L’annonce a été faite à l’issue de la première assemblée du comité d’organisation mis en place pour rendre un dernier hommage à la star. En effet, pour accompagner Aidjo Mamadou vers sa dernière demeure, il été mis en place un comité d’organisation avec sept commissions, constitué des membres de la famille de la star du bikutsi ainsi que d’artistes, d’amis et d’autres volontaires.
Sauf ajustement par le comité d’organisation, le programme détaillé prévoit deux étapes majeures. Le samedi 26 octobre une messe suivie d’un méga concert aura lieu à la gare de Nanga-Eboko. Le jeudi 31 octobre 2024, une veillée sans corps se tiendra au domicile du défunt au lieu-dit 11ème arrêt Nkoabang à Yaoundé.
De plus, Vendredi 1er novembre, aura lieu la mise en bière et la levée de corps à l’hôpital général de Yaoundé, suivie en soirée d’une grande veillée artistique au Palais des sports de Yaoundé. Enfin l’inhumation au domicile du défunt le samedi 2 novembre, dans la stricte intimité familiale.
Une riche discographie en héritage
Né en 1962 à Nanga Eboko, Meva’a Martin Magloire de son vrai nom, embrasse une première carrière de boxeur jusqu’au milieu des années 90. Ayant des amis musiciens, il écume les cabarets de Yaoundé parallèlement aux combats de boxe. Ce qui lui a permis de jouer les chœurs au détour d’une balance. De là naît sa passion pour la musique.
Ses performances vocales lui ouvriront les portes du groupe « Les Zombis de la capitale » aux côtés de Messi Martin. Il gravit les échelons au sein du groupe et quitte les chœurs pour le lead vocal en remplacement de Eboue Chaleur. C’est au micro central, que le public lui attribuera son nom d’artiste, tiré d’une chanson dont le refrain se terminait par « Aaaaa aijo ».
Aidjo Mamadou entame alors une vraie carrière musicale solo en 1994 avec son premier album « Amour à 100 % ». Six ans plus tard, Aijo Mamadou sort « 5e commandement » son second album. Il fonde 103.fr, un groupe qui l’accompagnera dans ses projets musicaux. « Souvenir » en 2002, « Allez-vous-en » en 2004, « Code Pin » en 2006 vont suivre dans sa discographie. Le « Lion blanc » connaîtra un succès fulgurant avec son sixième album « Action réaction ». Dans ce dernier figurent les titres « Levez les doigts » et « Amour et espoir » ce qui lui permet d’être l’artiste de l’année, de décrocher l’album de l’année et le Grand prix Messi Martin au Festi Bikutsi en 2008. À cet album, s’ajouteront « Etat d’urgence » et « Maladie d’occupation ».
Tout au long de sa carrière, Aijo Mamadou s’est illustré par un bikutsi aux paroles justes et profondes. Son talent incontesté lui a valu de signer dans de grandes maisons de production camerounaises pour faire valoir son art. Il laisse derrière lui un héritage culturel riche, une famille nucléaire et artistique dans l’émoi ainsi que de nombreux mélomanes attristés.