Comme s’il n’existait ni physiquement ni dans les dossiers, aucune mission d’inspection de la Confédération africaine de football n’a perturbé le silence de cimetière qui règne dans le chantier de l’immeuble siège de la fédération camerounaise de football. Huit ans après la pose de la première pierre, nous en dressons l’état des lieux.
Yaoundé, lieu dit Warda, à proximité du somptueux palais polyvalent des sports, se dresse hideusement le chantier du siège qui, il y a huit ans était qualifié de futuriste. Au premier test : électroencéphalogramme plat indiquant un état de mort cérébrale. L’actuelle saison des pluies a favorisé l’apparition de la broussaille, qui, engloutit la surface et s’empare également des cuves de bétons, de la ferraille et du magasin située au rez-de-chaussée. Dans leur ruissellement, les eaux créent de grosses rigoles de mousses et d’algues de part et d’autre de la clôture. Inspirée de la maquette solidement collée à un coin du site, l’ossature de l’ouvrage R+5, se dessine pourtant.
Balayé par de sulfureuses affaires, le concepteur du projet est parti. Laissant son siège à des éclairés. Même les célèbres normalisateurs qui se sont succédés dans la maison de Tsinga n’ont pas trouvé d’alternative au confinement brousseux que vit depuis belle lurette la maison du football au pays de Samuel Eto’o. Et puis vint un grondement dans le ciel, que beaucoup ont assimilé au tonnerre. C’était un appel.
L’appel d’offres national
Le 17 mars 2020, le staff médical au chevet du célèbre comateux, avec à sa tête Seidou Mbombo Njoya, détecte des oscillations sur le moniteur de l’électroencéphalogramme.
Jusqu’au 16 avril 2020, « pour les travaux de parachèvement de l’immeuble siège de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) au quartier Warda », un appel d’offres national est lancé. Longtemps attendue, la nouvelle mérite d’être célébrée. Malheureusement le COVID-19 impose sobriété.
Travaux, selon l’appel d’offres, de béton armé, de maçonnerie, de menuiserie bois, métallique et alu, de peinture, de plomberie sanitaire, d’électricité, de charpente et couverture, devront être livrés en six mois pour s’arrimer à la nouvelle donne : la CAN 2021.
Est-ce pour de vrai ?
Il a fallu du temps ! La pose de la première pierre est intervenue en novembre 2012 ! Sous le règne du normalisateur Dieudonné Happi, le nom de l’entreprise turque Yenigun avait même été avancé avec pour mission, l’achèvement des travaux. Au finish, l’homme de droit n’a pas pu dompter le squelette du siège. Seidou Mbombo Njoya, actuel président de la FECAFOOT, aura-t-il plus d’arguments que ses illustres prédécesseurs pour séduire cette immense « statue » de Warda ? Sans doute que la mise à sa disposition des ressources des comptes, jadis gelés, de la FECAFOOT sera d’un apport décisif.
Sur le site Internet de la FECAFOOT, on apprend que la société Guimar, jusque-là en charge des travaux, a été notifiée le 13 février dernier de la décision du juge de référé de permettre à la FECAFOOT de faire jouer la clause résolutoire dans le contrat d’entreprise signé le 24 octobre 2012 entre les deux parties pour la construction de son siège sis à Warda. Cette clause résolutoire prévoit qu’en cas de manquement à une obligation contractuelle de l’une des parties, le contrat sera résilié de plein droit. Mais l’entreprise aurait fait appel de cette décision. En attendant la décision définitive, la FECAFOOT a décidé de gagner en temps en lançant un appel d’offres.
Quid du projet initial ?
Le coût de l’immeuble avait été évalué à 1 786 000 000 F au moment du démarrage des travaux de construction. Un financement issu des retombées de la coupe du monde 2010. Le bâtiment devait être érigé sur une superficie de 2 800 m2 et comporter cinq niveaux devant abriter des bureaux, des salles de réunion ou de conférence et un restaurant. Initialement, les travaux devaient durer une année. Voici que huit ans après, la FECAFOOT, est toujours en attente de son siège futuriste. Espérons que la mutation du Puma au Coq sportif donnera plus de tonus aux gestionnaires du football camerounais.