Le président du Mouvement patriotique pour un Cameroun nouveau, directeur de campagne de Maurice Kamto pour la présidentielle de 2018, et ancien maire de Njombé-Penja accuse certains membres du directoire du MRC de félonie.
L’homme qui a bénéficié d’un arrêt de poursuites décidé par le président de la République, se projette désormais sur les prochaines échéances électorales. Il enfile pour cela le costume de l’apôtre Paul, qui, dans son épître à Timothée déclare : « j’ai combattu le bon combat j’ai achevé la course j’ai gardé la foi désormais la couronne de justice m’est réservée ».
Le combat de Paul Éric Kingué
« C’est Maurice Kamto qui est venu me chercher car il savait que je suis populaire, mon arrivée à ses côtés a changé le visage de ses meetings », reconnaît le directeur de campagne du candidat Maurice Kamto. Après avoir passé neuf mois à la prison centrale de Kondengui, pour des faits passibles de peine de mort, l’homme estime avoir achevé sa course. « J’ai respecté ma part de contrat j’ai tontiné et maintenant j’attends le retour de l’ascenseur », déclare Paul Éric Kingué. Le natif du département du Moungo attend désormais sa couronne de justice : les 13 mairies que compte son département d’origine. « Je dis à Maurice Kamto de ne pas tomber dans ce piège parce que je n’accepterai pas et jamais que le MRC me fasse concurrence dans le Moungo », lâche l’ancien maire de Njombé-Penja.
Le mariage de la carpe et du lapin
Pendant leur idylle les principaux responsables du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et du Mouvement patriotique pour un Cameroun nouveau (MPCN) ont paraphé un deal pour la présidentielle, les élections législatives et municipales. En prenant les commandes de la campagne du candidat Maurice Kamto pour la présidentielle de 2018, Paul Éric Kingué s’assurait que le MPCN ne subirait pas la concurrence du MRC dans le Moungo pendant les législatives et municipales. En retour, il attend le soutien de cet allié de poids.
Depuis peu de temps, Paul Éric Kingué occupe l’espace médiatique. Canal 2 international, Equinoxe TV et ABK Radio lui ont servi de tribune dans son opération de dénonciation de la félonie de certains membres du directoire du MRC. Ils seraient engagés dans un marché aux enchères pour proposer aux personnes intéressées par l’éventualité d’un mandat de verser de l’argent contre l’accès aux investitures au sein du MRC dans le département du Moungo. Pour cette raison, Paul Éric Kingué ne décolère pas. « Le Moungo, de Melong à Dibombari est contrôlé par moi », affirme-t-il. Le choc d’intérêt qui se profile à l’horizon remet au goût du jour la fragilité de l’accord conclu entre le MRC et le MPCN. Cet attelage était donc essentiellement électoraliste et opportuniste plutôt que l’aboutissement d’une véritable discussion politique fondée sur un pacte profond. Le deal MRC-MPCN qui vole en éclats fait incontestablement les affaires du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) dans cette circonscription électorale.
La déchirure
« Que les militants du MRC qui ne savent pas déchiffrer les codes politiques cessent d’insulter l’allié du MRC que je suis », avertit Paul Éric Kingué qui compare les militants du MRC à des Talibans. Parmi les nombreuses choses apprises auprès de Maurice Kamto, pour avoir partagé la même cellule en prison pendant neuf mois, il semble avoir maîtrisé l’art de la résistance. « Je suis prêt et très prêt à faire une autre résistance et cette fois là pas contre le gouvernement, mais contre le MRC », prévient-il si son allié n’observe pas fidèlement les clauses de leur deal. Cette déchirure, selon certains observateurs, porte les stigmates d’un manque de patriotisme chez certains camerounais qui se lancent en politique plus dans le but d’un positionnement individuel que pour l’intérêt général et la recherche de la paix.