Après avoir porté à bout de bras leur leader, Maurice Kamto, ils digèrent difficilement sa décision de les soustraire au concours des suffrages des Camerounais pour le contrôle des conseils municipaux et de la chambre basse du parlement.
Michelle Ndoki, avocate inscrite au barreau du Cameroun et de Paris, et figure de proue du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), a finalement craqué à l’idée de voir inéluctablement le décor du double scrutin du 9 février 2020 se mettre en place. Finie donc l’illusion place à la réalité. L’illusion vendue par Maurice Kamto a fait croire que la tactique du boycott déboucherait triomphalement, avec l’aide de ses soutiens européens et américains, sur un nouveau report des élections municipales et législatives.
La réalité quant à elle, est implacable. Maurice Kamto a bousillé la carrière politique de milliers de jeunes gens, aujourd’hui ravagés par la déception. Ils sont déçus de ne pas pouvoir participer aux élections municipales et législatives, comme si l’objectif du MRC se résumait à la seule conquête de la magistrature suprême.
Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, Michelle Ndoki crache, sous un doux euphémisme, sa bile sur son leader politique. « Vous devenez un acteur politique à succès quand vous avez rencontrez la déception et la trahison », révèle-t-elle, dans ce qui apparait comme une présentation des vœux à ses proches de l’arrondissement de Batié, département des Hauts-plateaux, région de l’Ouest. Selon Michelle Ndoki, deux mots ont constitué des faits politiques à l’origine de grands changements dans la vie des militants, y compris les plus convaincus, du MRC : la trahison et la déception.
La trahison
Le retour à la réalité est brutal pour la titulaire du diplôme d’études supérieures en droit privé, spécialisée en droit des affaires. Elle ne sollicitera pas les suffrages des citoyens de la ville de Douala pour une élection à la chambre basse du parlement, et ce, alors que son dossier de candidature était déjà prêt. Elle vient de comprendre qu’en politique, il existe beaucoup de caméléons, des politiciens qui changent au gré du vent. Pour eux, tout ce qui prévaut, c’est leur intérêt d’où qu’ils viennent et quel qu’en soit le prix. Ils appartiennent à tous les régimes parce qu’ils n’ont pas honte de retourner leur veste.
Ils sont de véritables flatteurs, des courtisans qui font croire au peuple qu’ils sont les plus beaux, les meilleurs et que sans eux Bakassi ne serait plus une terre camerounaise. De telles gens ne méritent pas qu’on leur fasse confiance parce que ce sont des traitres qui veulent travailler avec Dieu et satan. Il est bon de savoir les débusquer le plus tôt possible car pour la réalisation de leurs intérêts sordides et inavoués, ils sont tantôt de la majorité, tantôt de l’opposition. Hélas aujourd’hui Michelle Ndoki et tous les autres n’ont que leurs yeux pour pleurer.
Déception
La politique est décevante, engendrant inéluctablement échecs, impuissance, désillusions, lorsqu’elle ambitionne de transformer l’état de choses existant. Il y aurait alors une tragédie du politique, à savoir son impossibilité à réduire l’écart entre l’idéal et le réel alors même qu’elle ne peut faire l’économie d’une anticipation de ce qui n’est pas encore sous la forme d’un projet. La déception serait alors l’inévitable manifestation de cette distorsion entre l’attente enthousiaste d’un changement et la sanction d’un résultat toujours en deçà de ce qui a été espéré.
Alors que les militants ont toujours soutenu Maurice Kamto, parfois au prix de leur vie, aussi bien lors de la présidentielle du 7 octobre 2018 que lors de son bail à la prison centrale de Yaoundé, au moment du retour d’ascenseur celui-ci leur pose un gros lapin. Que de carrières professionnelle et politique détruites !