C’est à Valence en Espagne que le député de Ferkessédougou, après avoir refusé d’intégrer le RHDP, a mis fin au faux suspens qui entourait depuis plusieurs mois sa candidature à la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire.
Cette candidature, Guillaume Soro l’a annoncée à demi-mots à la chapelle politique qu’il quittait en même temps. C’était le 26 janvier 2019. Alors que le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) en tant que parti unifié prenait corps à Abidjan, le mystérieux personnage prétextait se consacrer à son MBA à Harvard. Alors que certains observateurs entrevoyaient une crise institutionnelle en Côte d’Ivoire, le député RDR de Ferkessédougou, a quitté avec élégance le 8 février dernier, le perchoir de l’Assemblée nationale. « Refuser de démissionner conduirait à une crise institutionnelle déstabilisante de nature à mettre en péril la paix fragile », avait-il justifié. Par cet acte, « Bogota », l’un de ses multiples surnoms tiré des années de lutte clandestine, enfilait alors aux yeux du monde le costume d’homme d’Etat, repoussant tout simplement l’échéance d’un affrontement avec Alassane Ouattara, son allié dans le combat contre Laurent Gbagbo.
Une candidature inévitable
Lorsque le président Alassane Ouattara clame sa volonté de transmettre le pouvoir à une nouvelle génération, Guillaume Soro subodore ne pas être le premier choix face à Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko. L’option d’une candidature est aussi nourrie par de pressants et nombreux appels de partisans répartis sur la quasi-totalité du territoire ivoirien. « Il y a des partis pro-Soro qui m’ont choisi comme candidat, alors oui, je serai candidat », a lancé Guillaume Soro à Vanlence, le 12 octobre dernier devant de nombreux inconditionnels de la diaspora. L’annonce de cette candidature, fortement saluée par ses sympathisants, met la pression sur les autres potentiels candidats au rendez-vous de 2020, et donne bien du temps de réaction au camp Ouattara.
Sur les traces du français Emmanuel Macron ?
« Quand Macron lançait En marche !, toute la classe politique était unanime [pour dire] qu’il ne serait jamais président. (…) J’ai décidé de prendre mon destin en main. J’ai 47 ans et je pense que je ferai cavalier seul », a laissé entendre Guillaume Soro. En quittant le perchoir en février dernier, il a annoncé la création d’une nouvelle structure : le Comité politique. Un outil, selon lui, censé « mener des réflexions sur les grandes questions d’intérêt national ». En s’éloignant des partis de tradition du paysage politique ivoirien, il reconnaît jouir d’un large soutien. « Il y a des partis politiques qui sont pro-Soro, qui m’ont déjà choisi pour être leur candidat », a-t-il reconnu.
Des ennuis judiciaires en perspective
Politiquement façonné par Laurent Gbagbo lorsqu’il était leader estudiantin entre 1995 et 1998, Guillaume Soro a connu un séjour mouvementé en Espagne. « Le 8 octobre à l’aube, vers 3 heures du matin, alors qu’il dormait, un groupe de policiers en uniforme et armés a fait irruption dans sa chambre (…) Notre client a exhibé son identité, son passeport diplomatique (…) Le chef apparent du groupe a appelé quelqu’un et les policiers sont partis sans donner d’explication. Le tout a duré une heure et demie », a témoigné l’avocat du candidat, soulignant que ce témoignage figure dans la plainte déposée le 16 octobre par Guillaume Soro.
Sur le continent, les rebondissements du procès à la suite du putsch manqué en 2015 au Burkina Faso, constituent une épée de Damoclès pour Guillaume Soro. Le général Djibrill Bassolé, poursuivi sur la base de l’enregistrement d’une conversation téléphonique avec l’ancien président du parlement ivoirien, ayant été condamné à une peine de 10 ans de prison le 2 septembre 2019.