Un an après le départ forcé de Yahya Jammeh, les nouvelles autorités de la Gambie n’ont toujours pas retrouvé la quiétude. Elles craignent d‘être la cible d’un complot entre les partisans de l’ancien président et des rebelles sénégalais.
Dimanche 1er avril, Adama Barrow, le président gambien effectuait sa première visite à Foni, fief de son prédécesseur Yahya Jammeh. Les lignes de cette visite étaient claires, baliser la menace qui émanerait de cette région, accusée par le gouvernement d’accueillir des rebelles de la Casamance pour déstabiliser le pays.
“Les chefs de village et de district sont mes représentants et ont le devoir d’exécuter mes ordres, et de veiller à ce qu’il y ait la paix sur leurs territoires”, a déclaré M. Barrow. “Nous avons cette réunion parce qu’il y a un échec dans l’exécution de cette tâche”, a-t-il ajouté.
Son ministre des Terres, Lamine Dibba, n’en est pas moins convaincu. Il s’est d’ailleurs voulu plus ferme. “Cette réunion n’aurait pas dû avoir lieu. Nous savons qu’il y a des gens qui arrivent de Casamance ici à Foni et qui sont là pour créer des problèmes. Cela doit cesser”, a-t-il enjoint.
Les relations avec le Sénégal voisin menacées
Alors que la Gambie fait face à l‘émergence de nouveaux foyers de tensions, la présence effective des rebelles sénégalais du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) pourrait constituer une pierre dans les bottes des autorités gambiennes.
Donner refuge aux militants casamançais en Gambie menace, en effet, de rompre les relations avec le Sénégal qui a contribué à éjecter un Jammeh récalcitrant au plus fort de la crise postélectorale de janvier 2017. L’une des conséquences directes de cette éventualité serait le retrait des troupes sénégalaises de la Gambie, pourtant aux avants-postes de la force militaire de la Cédéao qui assure la sécurité du pays depuis fin 2016.
Une équation qui n’arrangerait en rien les autorités gambiennes qui comptent sur le soutien de cette force pour la stabilisation du pays. Surtout que d’ancien partisans de Yahya Jammeh partis en exil, commencent à regagner le pays.
Les généraux Ansumana Tamba, ancien commandant de la garde présidentielle, et Umpa Mendy, ex-responsable de la protection rapprochée de Yahya Jammeh ont été inculpés la semaine dernière de “désertion de poste” après leur arrestation en janvier.
À leur retour en Gambie, ces deux responsables militaires pourtant recherchés avaient quitté l’aéroport sans être inquiétés par les services de l’immigration.
Source : Carole KOUASSI avec AGENCES