Le verdict des élections sénatoriales du 25 mars 2018 a été rendu le 05 avril 2018, au cours de l’audience solennelle du Conseil constitutionnel au Palais des Congrès de Yaoundé.
Conformément aux dispositions de l’article 240 du code électoral, le Conseil constitutionnel a proclamé pour la première fois les résultats des élections des Sénateurs. Il s’agit du second scrutin sénatorial de l’histoire du Cameroun.
Le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) rafle la mise avec 63 sénateurs, soit un pourcentage de 81 , 13% suivi du Social Democratic Front (SDF) avec 7 sénateurs, soit près de 8% . Dans l’ensemble, les listes du RDPC représentent les régions de l’Adamaoua, du Centre, de l’Est, de l’Extrême-Nord, de l’Ouest, du Sud, du Sud-Ouest et du nord. Le SDF quant à lui représente la région du Nord-Ouest. Les autres partis politiques en compétition notamment l’ANDP, l’UNDP, l’UMS, l’UPC, l’UDC, l’UDP et le FSNC n’enregistre aucun siège.
Sur un plan de l’électorat, prés de 10 000 grands électeurs ont véritablement exprimé leur suffrage universel soit un taux de participation de 97,8%. Sur le plan matériel, Elecam a mis à la disposition des conseillers municipaux 81 bureaux de vote. Dans son allocution, le Président du Conseil constitutionnel, Clément Atangana a salué le calme et la maturité qui ont caractérisés le scrutin du 25 mars dernier. Preuve a-t-il déclaré de la maturité de la démocratie camerounaise et l’aspiration des Camerounais à vivre dans la paix et l’unité nationale. Occasion idoine pour le juge constitutionnel de faire le bilan des activités aussi, recadrer l’audience publique relative à la proclamation des résultats dans son contexte constitutionnel ainsi que la mise en place du conseil des sages et la nomination des membres de cette institution. Il était surtout question de rappeler ce que prévoit la loi en matière électorale, et le rôle que ce conseil de sage est appeler à jouer dans ce processus électoral. Après la proclamation des résultats de l’élection des Sénateurs, les yeux sont désormais rivés vers la nomination par le décret du Président de la République, des trente( 30) sénateurs , le décret prévu à l’article 214 , alinéa 1 intervient dix (10) jours , suivant la proclamation des résultats par le Conseil Constitutionnel . Il faut rappeler qu’il y avait du beau monde pour vivre en direct ce moment historique de la démocratie camerounaise.
Leçons à tirer
Avec la publication des résultats on est donc arrivé au terme des élections des Sénateurs de 2018, en attendant que le Président de la République complète la composition de la chambre haute du parlement, comme le prévoit la constitution. On peut déjà tirer quelques leçons. De manière globale, le processus électoral s’est plutôt bien déroulé. Il y avait quelques craintes quant au déroulement du vote dans certaines régions notamment le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Des craintes justifiées par la situation sociopolitique qui prévaut dans ces régions depuis quelques temps. Les troupes sécessionnistes et les terroristes avaient lancé, des messages d’intimidation, la menace n’a pas réussi à freiner la volonté des électeurs et la détermination du gouvernement à faire régner de l’état de droit. Les élections ont donc eu lieu dans le Nord-Ouest et dans le Sud-Ouest. La compétition était rude, d’ailleurs rude dans ces régions et la démocratie s’est manifestée au regard des résultats enregistrés. Autre leçon, l’entrée en scène réussie du Conseil constitutionnel en quelques semaines seulement, les onze(11) sages se sont imposés dans le paysage politique et dans leur rôle de juge des élections. Les résultats ont été rudes notamment pendant le contentieux pré-électoral, tellement rude que le conseil constitutionnel a dû s’y prendre en deux reprises pour trancher sur la requête déposée par le Social Democratic Front qui contestait un candidat dans la liste RDPC dans la région de l’Ouest.
A écouter les réactions dans les rangs de ceux qui ont été déboutés par le Conseil constitutionnel , cette instance a joué à fond son rôle et a permis à la démocratie de triompher et de faire des pas supplémentaires au Cameroun.
Il reste la configuration du sénat telle que sortie des urnes. Le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) confirme sa position de première force politique du pays, 63 sénateurs sur les 70 Sénateurs élus. Le RDPC domine incontestablement la scène politique. Le Sdf vient en second avec ses 7 Sénateurs élus. Le Social Democratic Front a surtout démontré qu’il conserve son bastion du Nord-Ouest. Il faut aussi saluer la maturité politique du peuple tout entier. La contestation des votes s’est faite dans le cadre approprié, le Conseil constitutionnel en occurrence. Et ses décisions sont acceptées par tous les acteurs. Une belle preuve que la démocratie s’est définitivement installée dans les habitudes politiques. Ce qui augure un lendemain meilleur pour les prochaines échéances.