Le ministère de l’Intérieur marocain a annoncé l’arrestation mardi 7 juillet 2020 à Nador (nord-est) de quatre membres présumés d’une cellule terroriste liée au groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui voulaient s’attaquer à des sites stratégiques.
Les personnes arrêtées, âgées de 21 à 26 ans, avaient décidé de mener des attaques terroristes visant des sites sensibles dans le royaume, a indiqué le ministère dans un communiqué. Les suspects, “dont le frère d’un combattant de Daech, acronyme arabe de l’EI, étaient en lien étroit avec les membres d’une autre cellule démantelée en décembre entre le Maroc et l’Espagne voisine, selon la même source. L’opération de démantèlement de mardi a été menée par le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ, antiterrorisme) et les mis en cause ont été placés en garde à vue pour approfondir l’enquête, selon le communiqué.
Epargné ces dernières années par les violences liées aux groupes jihadistes, le Maroc a cependant été le théâtre fin 2018 d’une attaque contre deux touristes scandinaves, décapitées au nom de l’EI dans les montagnes du Haut-Atlas (sud). A l’issue d’un procès très suivi, les auteurs ont été condamnés à la peine de mort, non appliquée au Maroc depuis 1993.
La question de terrorisme au Maghreb
La « guerre contre le terrorisme » ou « contre la terreur » désigne le concept géopolitique développé par l’administration américaine au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 pour établir et organiser la solidarité internationale face au péril constitué par la montée du terrorisme islamiste. Cette solidarité s’est exprimée au sein de l’OTAN dès le lendemain du 11 septembre, faisant jouer la clause de solidarité de l’article 5 du traité de Washington, en considérant que les attentats constituaient une attaque contre les dix-neuf pays de l’Alliance. Le 28 septembre, le Conseil de sécurité des Nations-Unies votait la résolution 1 373, appelant les États à une coopération accrue dans la prévention et la répression du terrorisme international et à la mise en œuvre de mesures supplémentaires pour prévenir et réprimer sur leur territoire, par tous les moyens licites, la préparation et le financement de tout acte terroriste.
Les efforts du Maroc contre le terrorisme
En mars 2019, Le Maroc a annoncé le démantèlement à Sidi Slimane, d’une cellule composée de quatre partisans du groupe État islamique (EI), porteurs de projets terroristes dans le royaume. Les suspects, âgés de 23 à 51 ans, avaient planifié ensemble de commettre des actes terroristes visant à porter gravement atteinte à la sécurité des citoyens et à déstabiliser l’ordre public, soulignait le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. L’opération, menée par le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ, antiterrorisme), a permis la saisie d’appareils électroniques, d’armes blanches de gros calibre, d’un treillis militaire et de plusieurs manuscrits prouvant l’adhésion des suspects à la pensée de Daech, acronyme arabe de l’EI, selon l’Intérieur.
79 arrestations en 2019
Épargné ces dernières années par les violences liées aux groupes djihadistes, le Maroc a cependant été le théâtre fin 2018 d’une attaque contre deux touristes scandinaves, décapitées au nom de l’EI dans les montagnes du Haut-Atlas. Les auteurs ont été condamnés à la peine de mort, non appliquée au Maroc depuis 1993. Les autorités mettent souvent en avant les moyens importants déployés pour la lutte antiterroriste. L’an passé, 79 personnes ont été arrêtées dans ce pays pour des affaires de terrorisme, selon un bilan officiel.
La menace islamiste persiste au Maroc. Au moins une dizaine de cellules terroristes liées à Daech ont été démantelées depuis janvier 2019. La Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) a encore annoncé, le 9 septembre 2019, l’arrestation de cinq personnes liées à Daech s’activant dans les villes de Berkane et Nador. L’enquête a permis de localiser une zone montagneuse dans la commune Dar al-Kabdani (province de Driouch), « où les membres de cette cellule menaient des expériences en matière de fabrication d’explosifs« , précisait alors un communiqué du ministère marocain de l’Intérieur. Agés de 27 à 41 ans, ces sympathisants de Daech avaient programmé des actions terroristes ciblant des sites sensibles sur le sol marocain. Selon le communiqué du ministère de l’Intérieur, « les membres de cette cellule voulaient rejoindre des camps d’une branche de Daech dans la région sahélo-saharienne. » Si les jeunes Marocains ne partent plus pour la Syrie ou l’Irak, ils continuent de rejoindre le Mali, plus proche.
Le Sahel, nouveau terrain de jeu des terroristes marocains
Le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), relevant de la DGST, avait déjà démantelé, en mai et en juillet 2019 à Tanger, deux cellules terroristes de cinq et huit personnes liées à Daech. Parmi les suspects, le frère d’un combattant revenant de la zone syro-irakienne. Coups de filet également à Béni Mellal, Fez, Safi, Taza, Errachidia, Tinghir et Inezgane. Le 25 juin 2019 dans la commune de l’Ourika, près de Marrakech, outre la découverte de résidus de produits chimiques, ont été saisis du matériel utilisé pour la fabrication d’explosifs, des équipements électroniques, des jumelles et une importante somme d’argent.
De même le 13 avril 2019, une cellule terroriste dans le quartier populaire Hay Laayayda de Salé a été repérée. Les cinq suspects, trois chômeurs et deux ferrailleurs âgés de 22 à 28 ans, fréquentaient la même mosquée et organisaient des réunions quotidiennes pour préparer leur projet d’attentat. Ces arrestations confirment la poursuite des menaces terroristes au Maroc, alimentées par le retour des combattants de Syrie et d’Irak. On estime qu’entre 1500 et 2500 jeunes Marocains se sont engagés dans le combat jihadiste de l’ancien « Etat islamique en Irak et au Levant ». Le Maroc s’est par ailleurs engagé à rapatrier ses ressortissants de Syrie et d’Irak, à la demande pressante des Américains.
Rapatriés dans leurs pays d’origine
Le ministre marocain de l’Intérieur affirmait en 2016 démanteler près d’une cellule terroriste chaque semaine. Réputée pour l’efficacité de son renseignement, qui met à contribution l’ensemble de la population, la police antiterroriste marocaine arrive à prévenir de nombreuses tentatives d’attentats. Le Maroc mène, selon les experts, l’une des politiques antiterroristes les plus efficaces du monde arabe, à l’aide d’une vaste coopération internationale, notamment avec les Américains. Le lendemain des attentats de Paris du 13 novembre 2015, une information émanant des services de renseignement marocain a mis les enquêteurs français sur la piste d’Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attentats.
Mais le danger persiste. Il existe toujours un fort risque de déstabilisation, lié à la grande pauvreté, aux fortes inégalités et à l’intense propagande de l’islamisme politique, toujours très actif dans les campagnes et les périphéries des grandes villes du pays. Un danger permanent comme le prouvent les assassinats de deux jeunes touristes scandinaves en décembre 2018. Les auteurs de ces actes, qui ont soulevé une très grande émotion, avaient été arrêtés 48h seulement après les avoir commis. Aujourd’hui, les services de sécurité marocains craignent que tous « ces retournés » du théâtre proche-oriental ne se livrent à des actions « à la maison », à des attaques de « loups solitaires » et à la propagation de l’idéologie extrémiste.