À l’occasion du 10e anniversaire de son investiture à la tête de l’État gabonais, le président veut tourner la page de son AVC, promet poursuivre les réformes engagées et aller jusqu’au bout de sa mission.
Le 16 octobre 2019 marque le dixième anniversaire de l’investiture d’Ali Bongo, comme président de la République gabonaise. Déterminé à conduire son pays vers un avenir meilleur, il met progressivement en place le dispositif d’un nouveau départ. Dans cette optique, l’homme a commencé par balayer dans sa propre cour.
La fratrie dans le viseur
Pascaline Mférri Bongo, Haute représentante du chef de l’État, n’aurait jamais officiellement pris ses fonctions. Elle a été limogée. Au plus fort de la crise née de l’accident vasculaire cérébral du président Ali Bongo, des bisbilles ont émaillé le sérail. Frédéric Bongo, demi-frère du chef de l’État, directeur général des services spéciaux est tombé en disgrâce. À l’issue du récent conseil des ministres, il a été muté en Afrique du Sud, comme attaché militaire à l’ambassade du Gabon. La décision a eu l’effet d’une bombe à Libreville.
Le coup de balai d’Ali Bongo emporte plusieurs autres. Park Sang-Chul, sud-coréen, chargé de la sécurité d’Ali Bongo depuis les années 1980, John Steed Rey, un cousin, directeur de protocole, ou encore l’ancien aide de camp Arsène Emvahou, ont perdu leur casquette. « Depuis de longs mois, c’est le clan de la première dame et du directeur de cabinet Brice Laccruche Alihanga qui tient les rênes, en voilà une illustration supplémentaire », précise une source de RFI, qui ironise : « chasse aux sorcières, purge, rouleau compresseur, appelez cela comme vous voulez ».
Pour son pays, Ali Bongo apparaît comme visionnaire aspirant à conduire les siens vers un avenir meilleur. Pour mieux se faire comprendre, l’homme a dressé le bilan de ses dix ans et balisé l’avenir, au micro de nos confrères du journal gabonais L’Union.
Sur le plan politique
Le fait d’avoir utilisé autant de Premiers ministres que son prédécesseur, qui a mis plus de 40 ans au pouvoir, est lié à la recherche d’une meilleure configuration. Ce qui compte pour Ali bongo, ce sont les résultats concrets des politiques publiques. Les membres du gouvernement doivent être évalués et jugés à l’aide de la feuille de route et des objectifs qui leurs ont été assignés pour conserver leur place au sein du gouvernement de la République.
Sur le plan économique
Le Gabon a mieux résisté à la crise du secteur pétrolier, grâce au mouvement de diversification engagé dès 2010. En 2010, le secteur des hydrocarbures représentait 29,3 % du PIB. En 2019, il pèse seulement 21,7 %. Depuis 2010, le bois est transformé localement avant d’être exporté. Aujourd’hui, on importe même du bois pour le transformer au Gabon, ce qui fait du pays le premier producteur de bois contre-plaqué en Afrique et le deuxième au niveau mondial. Le secteur des mines a suivi la même évolution avec la création d’une filière de transformation locale du manganèse. Le secteur agricole est aujourd’hui le premier employeur privé du pays. La phase 2 du programme Graine vise l’indépendance alimentaire au Gabon.
Par ailleurs, le Gabon occupe le premier rang dans la sous-région en matière de technologie 4G. Les pouvoirs publics comptent sur le numérique pour créer 20 000 emplois par an, dans le secteur privé formel afin d’intégrer au marché du travail tous les jeunes qui, chaque année, frappent à sa porte.
Sur la lutte contre la corruption
Le Gabon ne saurait être à la traîne des exigences internationales. C’est une question d’éthique, de morale, mais aussi d’efficacité. L’opération Mamba reste plus que jamais d’actualité. Toutefois, la conduite des enquêtes rigoureuses dans le strict respect des règles de procédure demande du temps et de l’objectivité. Le temps de la justice n’est pas le temps médiatique, ni même le temps politique. La gravité des faits reprochés aux personnes incriminées, appelle une extrême précaution chez les juges. Au-delà de l’opération Mamba, un ministère dédié à la lutte contre la corruption a été créé en juin dernier, et un nouveau code pénal qui renforce les sanctions en matière de corruption a été promulgué.
Sur le climat
Le président gabonais a été coordonnateur du Comité des chefs d’État africains sur le changement climatique. En matière d’environnement, il a mis un accent sur la nécessaire préservation du patrimoine naturel doté d’une très grande richesse. Sur le continent, et sur la scène internationale Ali Bongo a porté un plaidoyer sur la lutte contre le réchauffement climatique et la perte de la biodiversité. Récemment, la Norvège, pays reconnu pour sa gestion durable des ressources forestières, a décidé de soutenir les efforts gabonais en octroyant 90 milliards de Francs CFA pour la protection des forêts sur dix ans.
Sur la diplomatie
Les liens du Gabon avec les pays de la sous-région ont été renforcés. Le Gabon entretient des relations d’amitié et de coopération avec ses voisins et amis, par un dialogue permanent et des concertations qui reposent sur une franchise réciproque. Pendant sa présidence de la CEEAC, Ali Bongo a impulsé une réforme de l’organisation pour en améliorer le fonctionnement. Sur le plan économique, il a également contribué au renforcement de l’intégration économique et monétaire de la sous-région au cours de son mandat de président de la CEMAC. Enfin sur le plan de la sécurité et de la stabilité de la région, il se félicite de la contribution des Forces gabonaises à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) à Bangui.