Après la cérémonie d’ouverture, il a participé à une session de débat animée par Mo Ibrahim.
Le Forum ambitionne d’être un relais d’actions concrètes et de bonnes pratiques. Après la cérémonie d’ouverture présidée, mardi 12 novembre 2019, par le président français Emmanuel Macron, les travaux se sont poursuivis en commissions de débats. Le président de la République du Cameroun a participé au débat sur le thème : « Reconnaître le Sud : pour une gouvernance mondiale plus équilibrée», animé par Mo Ibrahim.
Extrait du discours du président Paul Biya
« Je tiens tout d’abord à féliciter et remercier le président de la République française M. Emmanuel Macron, pour l’heureuse initiative et l’excellente organisation de cette seconde édition du Forum de Paris sur la Paix, ainsi que pour l’accueil chaleureux et les attentions dont ma délégation et moi-même avons bénéficié depuis notre arrivée. Qu’il me soit également permis d’exprimer mon appréciation à la fondation Mo Ibrahim et à son président pour son engagement en faveur de la promotion de la bonne gouvernance, du leadership et du développement en Afrique. En effet, le prix Mo Ibrahim et l’indice Ibrahim de la gouvernance africaine se sont imposés au fil du temps comme des références internationales dans l’évaluation du leadership, dans la promotion de la bonne gouvernance et la transparence dans le continent africain. Je voudrais également remercier les organisateurs de ce forum pour l’honneur qui m’échoit de prendre la parole dans le cadre de ce panel de grande importance dont le thème est ‘Reconnaître le Sud : pour une gouvernance mondiale plus équilibrée’. Cette thématique sur laquelle nous débattons est actuelle et pertinente. Elle nous donne l’occasion d’évaluer notre action collective à l’aune des nobles idéaux de paix, de sécurité, de stabilité, de respect des droits de l’homme et de prospérité durable que nourrissaient les pères fondateurs de l’ONU pour mieux appréhender les multiples défis du moment dans un monde trouble et en profondes mutations.
En effet la conjoncture actuelle est marquée par de nombreux défis et incertitudes qui réduisent progressivement notre capacité à répondre collectivement et de façon plus adéquate aux menaces, à la paix et à la sécurité internationale. Les modes de régulation en vigueur déséquilibrés au profit des acteurs les plus puissants ne confèrent pas à la gouvernance mondiale une réelle dignité. À cela s’ajoutent les multiples conflits aux conséquences humanitaires désastreuses : l’insécurité alimentaire, l’extrême pauvreté croissante, les atteintes aux droits de l’homme et à la démocratie, les changements climatiques…Le monde aujourd’hui semble perdre sa vocation à protéger les plus vulnérables, à promouvoir une gouvernance mondiale plus juste et plus inclusive, et à fonder entre les nations une véritable communauté de destin. En outre, la montée en puissance du populisme et de l’unilatéralisme, couplée à un pessimisme grandissant relativement à la capacité des Nations unies à apporter des réponses adéquates aux problèmes des populations et aux crises aiguës qui menacent la planète, font douter de la pertinence de cette organisation. Dans un monde en proie à de nombreux bouleversements, la réforme du conseil de sécurité doit se poursuivre pour porter le nombre de membres à 26 [ …]».
Le débat
Interrogé sur l’implémentation de la paix et la coopération au Cameroun pendant la crise sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le président Paul Biya a revisité l’histoire et annoncé la mise sur pied d’un statut spécial pour ces régions. Cette solution a été proposée lors du grand dialogue national convoqué à Yaoundé du 30 septembre au 4 octobre 2019.
« L’histoire de mon pays, M. le président, est compliquée. Nous avons d’abord été une colonie allemande. Après la première guerre mondiale l’Allemagne a perdu ses colonies celles-ci ont été partagées entre la Grande-Bretagne et la France. Et mon pays a été divisé. Une partie sous colonisation britannique, l’autre sous colonisation française. Il en est résulté une juxtaposition de cultures et de civilisations qui rendent les choses assez délicates. On a tout fait pour mettre à égalité les deux langues anglaise et française mais, les mentalités, le système scolaire, la magistrature sont différents. Nous avons des conflits que nous sommes en train de résoudre en ce moment pour conserver à la partie de mon pays qui était sous colonisation britannique, un statut spécifique tout en restant dans l’unité de la nation. C’est le problème que nous avons à résoudre. On avait la possibilité de les intégrer directement dans le système francophone qui, est celui de la majorité du peuple à 80%. Mais je crois que les peuples sont soucieux aujourd’hui d’affirmer leur identité, raison pour laquelle nous mettons sur pied un statut spécial qui reconnaît la spécificité de la zone anglophone, mais elle reste dans l’intégrité territoriale du Cameroun.
Cette volonté de réforme qui a surgi dans la communauté internationale concernant le conseil de sécurité, nous voulons la voir agir aussi dans les institutions de Bretton Woods : le Fonds monétaire international, la Banque mondiale. Car elles ont été créées à la fin de la deuxième guerre mondiale. Le monde a changé depuis et il faut tenir compte des nouvelles entités qui participent à la vie internationale comme l’Afrique », a expliqué le président Paul Biya.